lundi 29 décembre 2014

L'empire des Damnés, par Laurent Chabin



Garance (déjà, il y a une dissonance par ce prénom - il ne s'agit pourtant pas d'une traduction) est une adolescente de 13 ans, appartenant au peuple des Damnées. La veille de son mariage forcé avec le vieux dégoutant Koulak (je ne suis plus tout a fait sur de l'orthographe, mais ce n'est pas loin - nous en reparlerons), son village de paysans faméliques est massacré par une troupe de cavaliers, des soldats barbares de l'empire. Elle s'échappe, et tombe prisonnière d'une sorte de mystique fou, bien introduit auprès de l'empereur car le seul capable de soigner son fils. Mais la révolte gronde en interne, alors que la guerre tonne à l'est.
Ils [Les maîtres] étaient beaux et nous étions laids. Toute notre beauté était partie chez eux avec le fruit de notre travail. Il ne nous restait que la faim et la souffrance.
Au début, j'ai cru y voir une espèce de Germinal fantasy.
La terre était littéralement éventrée, et de ses profondes blessures, des damnés faméliques, parmi lesquels des enfants, extrayaient de pesants paniers remplis de minerai
Je n'étais pas vraiment convaincu par l'ambiance mortifère et l'avalanche de problèmes et d'avanies sordides qui tombaient sur l’héroïne. Et puis, j'avais des petits signaux qui tintaient dans mon cerveau, jusqu’à ce que tout s'éclaire en voyant sur la couverture du second tome un petit autocollant "Inspiré de la révolution russe". Bon sang, mais c’est bien sur !, on retrouvait les Cosaques, les koulaks, Raspoutine, la Sibérie, Lénine exilé en Suisse, la révolte des marins, et sans doute bien d'autres éléments que je n'ai pas vus..
Cependant, cela ne m'a pas convaincu, au contraire. Avant de revenir sur ce que je pense spécifiquement de cette reprise historique par l'auteur, je dois dire que même sans cela, le ton excessivement misérabiliste du livre me posait problème. Et cela n'était pas parti pour s'améliorer. Voici les dernières lignes du premier tome :
Pourtant la suite des événements allaient tragiquement lui donner raison.
Même si je ne m'en étais pas encore rendu compte, la Terreur était déjà la.
Et les quatrièmes de couverture des deux autres volumes de la trilogie n’annonce rien de réjouissants...

Je pense aussi que d'avoir voulu transposer la révolution russe dans un univers en changeant presque uniquement les noms propres n'était pas une bonne idée. Je ne comprend pas en fait l'intention de l'auteur : si c'était pour écrire une histoire pendant la Révolution russe, ce n'était pas la peine de jeter par dessus un camouflage troué- on soupçonnerait presque l'écrivain de vouloir nous éblouir lourdement de son astuce ("regardez, je vais appeler les miséreux les Damnés, et pis le paysans riche s'appellera Koulak"). Un roman historique aurait été encore plus fort émotionnellement, et moins... trivial.
Je me suis interrogé un petit peu sur mon sentiment de rejet de ce livre à cause de son inspiration historique déguisée - pour moi - à tort. Parmi mes livres préférés, je compte 3 Guy Gavriel Kay, qui tous sont plus ou moins basés sur des faits historiques :
- A song for Arbonne : de loin inspiré par la croisade des cathares et/ou les conflits entre pays d'oc et d'oil, (mes références historiques se font lointaines)
- Tigane : avec une situation géopolitique bien inspirée de l'Italie de la renaissance aux multiples divisions.
- et surtout Lions Of Al-Rassan, une copie très proche de l’Espagne juste avant la Reconquista.
Et je n'y ai jamais ressenti le malaise que j'ai eu en lisant ce livre. Si le ton misérabiliste y est pour beaucoup - Kay est parfois dur, mais ne sombre pas dans le sordide -, peut-être aussi que la Révolution Russe est trop proche de nous, ainsi que ses conséquences.
Et puis, Kay reprend les contextes géopolitiques, mais pas l'histoire complète, à part peut-être Al-Rassan. Les personnages sont toujours au premier plan, et surtout, il ne les place pas en témoins d'un vraie-fausse Histoire. C'est peut-être cela, le plus dérangeant, tout les moments ou l'héroïne n'est que spectatrice, comme si on assistait a un cours d'histoire, mais en même temps, sans que cela soit assumé par l'auteur - pourquoi sinon rajouter cette dérisoire distanciation tendance fantasy ?
Enfin, clairement, Chabin n'a pas - à mon avis - le talent d'écriture de Kay.
Avec peut-être un peu moins de misérabilisme, ou alors tout simplement si cela avait été conçu et affirmé comme un roman historique, je pense que j'aurai eu un meilleur avis sur ce livre. Tel quel, je ne comprends pas l’intention de l’auteur, et je n’aime pas son résultat.

samedi 13 décembre 2014

Ashes of the Dead - Bucket of Blood, par Jake Miller


C'est du western, avec des zombies, un cimetière indien saccagé par un riche propriétaire minier qui se vengent par une malédiction - d’où des zombies, un cowboy solitaire sans nom qui a enterré sa femme, une tenancière de saloon au grand cœur - mais leur amour est impossible, il est trop solitaire.
En relisant ce que j'ai écrit ci-dessus, je me dis que même si en plus, ce n'est pas vraiment mon genre (et que je pensais initialement remonter mon avis pour ne pas pénaliser un livre dont je ne suis pas dans le lectorat cible) , c'est quand même assez mauvais.

 En effet, par expérience, je sais que si un livre est bon, il me plaira quelque soit son genre. La qualité intrinsèque transcende toujours un éventuel désintérêt pour le genre, le sujet, ou le thème d'un livre.

Et puis bon, il y avait des zombies ! (sous-entendu : cela partait bien)

Sans compter que bon (j'étais parti pour faire une critique en 3 lignes...), dans le même genre, j'ai bien aimé certaines oeuvres de Cherie Priest, notamment Boneshaker et Dreadnought, qui sont certes plus Steampunk que Western pur, mais reprennent pas mal des canons du genre - enfin, si on accepte que l'héroïne soit une femme..

Donc, non, je peux rester sans regret sur mon avis négatif.

mercredi 22 octobre 2014

La patience du diable par Maxime Chattam




Deux adolescents abattent les passagers d’un TGV. Lors de l’interception d’un go-fast, la gendarmerie ne mets pas de la main sur une cargaison de drogue, mais révèle un trafic de peaux humaines. Des gens sont découverts morts de peur. Alors que de plus en plus d’actes de violences aveugles frappent une France en crise, La lieutenante de gendarmerie Ludivine Vancker, hantée par les horreurs de sa précédente enquête, finit par se demander s’il n’y a pas un lien.
Ce qui est bien avec Chattam, c’est que c’est facile à lire, et aussi à critiquer (je me dis en pensant à ma critique en attente de Bel Dame Apocrypha, qui est autrement plus dure à écrire). Ca commence à cent à l’heure, comme d’habitude le style est fluide, les personnages (qu’on a vu dans un autre livre, que je n’ai pas lu) attachants, les 200 premières pages sont passionnantes. Et puis le rajout continuel de scènes de massacres m’a lassé : elles sont certes glauques et choquantes, et contribuent à l’ambiance générale, l’enquête, certes bien construite, n’est pas passionnante, et j’ai fini par décrocher.
J’ai cependant apprécié que l’enquête se passe en France, cela changeait par rapport à certains de ses livres précédents. On parle donc de la gendarmerie, et non du FBI, de la Courneuve plutôt que du Bronx, de l’ambiance en France actuellement (c’est clairement un roman de son époque).
La détresse croissante qui plombait la France comme la plupart des nations industrialisées depuis plusieurs années avait atteint son apogée avec la succession de coups d'éclat criminels sur lesquels Ludivine travaillait. Elle en était convaincue.
Il y a aussi quelques théories relativement intéressantes sur la place de la violence dans la société (de consommation) moderne.
Mais bon... j’ai surtout l’impression d’avoir déjà lu ce livre, et si la capacité de Chattam à écrire des thrillers efficaces est incontestable, j’ai besoin d’un peu plus d’originalité, de surprise. Le final était décevant, comme si l’auteur avait voulu tendre un piège au lecteur, et l’avait raté, ruinant tout son effet.
La forme est bonne, mais le fond laisse sur sa faim. Je vais quand même me procurer le livre précédent, la Conjuration Primitive, parce que les personnages sont sympathiques, et que j’espère que le « premier » (les deux livres ne me semblent pas vraiment liés) de la série sera plus surprenant.

dimanche 19 octobre 2014

Three Parts Dead par Max Gladstone



La découverte que les hommes pouvaient utiliser directement le pouvoir des Dieux a entrainé de terribles conflits, dont le monde porte encore les stigmates. Il est devenu courant pour un Dieu de signer de contrat de prêts de pouvoir, pour par exemple servir de force de frappe magique à la demande.
Gods, however, made deals. It was the essence of their power

Ce qui est moins courant, c’est quand l’exécution d’un de ces contrats entraîne la mort d’un Dieu, Kos, Seigneur du Feu et divinité tutélaire de la grande cité d’Alt Columb, à priori par épuisement de son énergie.
Abelard faced her. His eyes were dead as a charred forest. “I was the one watching the Throne when God died.”

Dès que la nouvelle est connue, un procès se déclenche, pour savoir sous quelle forme la Divinité reviendra, opposant ses prêtres à ses créditeurs.
The Court chambers were smaller than the immensity of the black pyramid led one to believe. Most of the extra space was packed with the machines required to support human beings who dared meddle in the affairs of gods.

Tara Abernathy, au début de cette histoire, est de retour dans le village de ses parents.
Elle y est parvenu de justesse après avoir été expulsé des Écoles Invisibles, là où elle étudiait auprès des Maîtres de l’Art, ceux qui se sont opposés aux Dieux (et ont gagnés). Son expulsion (pour des raisons que l’on découvrira au fur et à mesure) a failli la tuer, car elle avait été envoyé tout près de la Fissure dans le Monde, une des blessures des Guerres Divines. Revenu donc dans sa famille, elle s’occupe tant bien que mal de problèmes contractuels mineurs.
Ned Thorpe lost half the profit from his lemon crop every year, due to a bad arbitration clause in his reseller’s contract. Ghosts stole dead men’s bequests through loopholes in poorly written wills.
C’est alors que l’une des associées ( partner en version originale) dirigeantes de la prestigieuse firme d’Art « Kelethras, Albrecht et Ao » vient la chercher, pour défendre l'Eglise de Kos : il faut prouver au procès que le Dieu n'a pas fait une faillite personnelle dont il serait le seul responsable par mauvaise gestion de son « crédit », mais qu'il a été assassiné. Il lui faudra donc enquêter, plaider, et risquer sa vie, et ceci rapidement, avant que la nouvelle d ne se répande auprès des créditeur et de la population d'Alt Coulomb. Avec la mort du Dieu, tous les mécanismes de la ville (machine à vapeurs, transports, etc..) alimenté par sa Puissance vont en effet s'éteindre.

It had been an odd couple of hours, and she had a feeling that, before the week was out, her life would grow stranger still.
Cette citation résume bien le livre : c'est un univers étrange - mais très cohérent, on n'est pas dans l'onirisme. On est entre John Grisham et China Miéville, mais plus proche de Perdido Street Station que de La Firme. Les descriptions sont évocatrices, parfois poétiques, un plaisir de lecture, un appel à l’imaginaire.
To the north it bordered the business district, where skeletal mages in flowing robes bargained with creatures from beyond the mortal world in towers of black glass that scraped the sky.

L’auteur évite aussi de nous abrutir par trop d’informations en même temps. Sans faire dans l’obscur, il dévoile son monde au fur et à mesure, introduisant des éléments qui semble parfois superflus mais qui se révèlent importants par la suite. Cela reste une écriture modern, avec de petites touches d’humour.
Furled wings rose like twin mountains from his back. His open eyes were emerald green and large—at least three times as big as hers, eyes the size of billiard balls. She focused on the eyes because otherwise she would focus on his hooked, toothed beak.

Les personnages sont aussi intéressants. Outre Tara, déjà évoquée, il y a aussi un autre personnage féminin fort, Cat, incarnation de la Justice pendant ses heures de travail, droguée en dehors pour combler le manque de ne plus être investie par la magie. En contre-point, le seul « héros » masculin, Abelard, jeune prêtre, confronté à la perte possible de son Dieu, est presque effacé.
J’ai beaucoup aimé le monde, limite steampunk, mais pas vraiment, pas vraiment médiéval fantastique non plus, avec une légère couleur mésopotamienne. Les concepts généraux (les contrats avec les Dieux, l’opposition homme-divinités) sont originaux, et l’enquête (et le procès) tiennent la route – bien que j’ai un souvenir d’avoir été un tout petit peu déçu par la façon dont cela se résout. Mais à part ce petit bémol qui ne couvre que quelques pages, tout le long du livre, on va de révélations en découvertes, d’intrigues en mystères. Je suis impatient de lire la suite, et je conseille ce livre à tous ceux qui veulent de la fantasy différente, et très bien écrite.

vendredi 26 septembre 2014

L'Adversaire par Emmanuel Carrère


L'Adversaire
Jean Claude Romand a réussi sa vie : brillantes études de médecine, chercheur a l'OMS, famille aimante, travail en Suisse et belle maison.

Sauf que.. et je ne révèle rien, si vous lisez ce livre, c'est sans nul doute pour en savoir plus sur ce fait divers, toute sa vie professionnelle est fausse, depuis qu'il a raté sa deuxième année de médecine. Cela fait 18 ans qu'il ment à tout le monde, et vit en escroquant ses proches, leur faisant miroiter de mirifiques placements en Suisse.
Jusqu'au jour ou il ne peut plus mentir, et qu'il tuera sa femme, ses enfants, et ses parents, avant de tenter de se suicider. Ou de faire semblant de se suicider. Car quel degré de confiance peut on lui accorder, maintenant ?

C'est un fait divers incroyable, et pourtant vrai, et avec une fin terrible. Emmanuel Carrère a été très troublé par cette vie de mensonge, et il a voulu contacter Romand pour en savoir plus.
Ce livre est donc à la fois une sorte de biographie (la vie de Romand), et d'autobiographie ( les réactions de Carrère, ses contacts avec Romand, son témoignage du procès, ses interviews des amis proches du criminel.) sur une histoire pour laquelle j'ai du mal à trouver un qualificatif pertinent et valable : notamment, parce que le "héros" du livre a assassiné, de sang-froid, sa femme, ses enfants, et ses parents. Fascinant semble indécent, vis a vis des conséquences, et pourtant ça l'est.
C'est bien écrit, raconté de façon plutôt neutre. L'auteur nous fasse partager ses doutes a maintes reprises : doutes sur Romand, doutes sur le bien fondé de sa démarche d'écrivain. En tout cas, il est surtout dans le récit, plutôt que dans l'explication définitive : c'est à nous lecteurs de nous faire notre point de vue final.

vendredi 19 septembre 2014

House of Suns par Alastair Reynolds



House of Suns se passe dans un futur lointain (environ six millions d'années), ou presque tout est possible (clone, intelligences mécaniques, barrières de protection autour d'une étoile devenue nova, et j'en passe), sauf les déplacement plus rapide que la lumière, car cela causerait un paradoxe : pour faire simple, ce type de déplacement permettrait à une information sur un action d'arriver avant que l'action soit faite, ce qui ferait mal à la causalité ).
Les deux principaux héros et narrateurs du livre sont Campion et Purslane (des noms de fleurs, que j'ai du mal à traduire..), deux membres de la Maison des Fleurs, aussi appelés House Gentian. Ce sont en fait deux "shatterlings" (une traduction serait peut-être "éparpillés" : fait, tous les membres d’une la même maison sont tous clones (mais non identiques) de la même personne, et font des Circuits de plusieurs dizaines de millénaires dans la galaxie. Les circuits se terminent tous en même temps. C’est alors l’occasion de grandes fêtes, appelés Réunion, ou tous les membres de la Maison se retrouvent pour notamment mettre en commun leurs souvenirs et enrichir la base de données des connaissances de leur Maison.
Ces humains ne sont pas immortels, mais deux technologies leur permettent de "vivre" pendant six millions d'années : une sorte de mise en stase (hibernation), et une drogue permettant d'accélérer ou décélérer le temps pour un individu.
Nos deux héros (qui s’aiment, ce qui est très mal vu) échappent de justesse au massacre de leur Maison lors de la 32eme Réunion, sauvés par leur retard d’une cinquantaine d’ans. Il va leur falloir trouver qui est derrière cet acte. Et dont la raison se cache dans le passé proche, et lointain, de leur maison.
Ayant lu le livre il y a au moins six mois, je me trouve un peu effrayé par l’idée de ne pas le décrire correctement. Dans mon résumé, j’ai beaucoup insisté sur les aspects temporels – qui sont vertigineux, pour ne pas dire épiques, mais j’aurai pu aussi parler des différentes civilisations rencontrées, fascinantes, ou de certains décors, extraordinaires. L’intrigue aussi est passionnante, une sorte d’enquête – hard sf. Et la contrainte forte de l’univers « pas de voyages hyper-luminiques » est pleine d’implications sur le récit, qui contribue au dépaysement.
Pour ce qui est du style, la narration (toujours à la première personne) est alternée entre les deux héros, et leur ancêtre commun, qui passe la plupart du récit dans une réalité virtuelle très fantasy.
Au final, c’est très prenant, impressionnant et fascinant : du grand spectacle, et de l’émerveillement. Terminal World reste pour moi le meilleur Reynolds, mais House of Suns est de très bonne facture.

mardi 16 septembre 2014

La trilogie Paradox, par Rachel Bach



C'est l'histoire d'un soldat d'élite talentueux, avec son armure de puissance faite sur mesure, adorant l'adrénaline, buvant comme un trou (mais pas pendant le travail !), et n'ayant rien contre les coups d'un soir. Son ambition est de rentrer dans le corps des Dévastateurs, l'élite des armées du Roi Sacré de l'empire humain de Paradoxe. Après une carrière brillante dans l'armée, puis dans les meilleurs mercenaires, c'est la dernière étape d’une ambition née à l’adolescence. C'est juste que 27 ans, c'est trop jeune (manque d'expérience) pour faire partie des Dévastateurs. Par contre, on lui parle d'un boulot de garde de vaisseau spatiale, un truc a priori inintéressant, mais avec un capitaine et un navire connu pour leur malchances, leurs prises de risques, et la mortalité de l'équipage : l'important étant cependant qu'en survivant à ce job, il est facile de se faire remarquer par les recruteurs des Dévastateurs. Devi remercie donc son amant-ami, et va de suite s'engager pour ce travail. Elle ne se doute pas de ce qui va lui arriver.
J'ai essayé pendant ce premier paragraphe de faire planer le plus possible le doute sur le genre de l'héroïne (ce qui est plus dur en français qu'en anglais..). Car usuellement, on ne s'attendrait pas à voir une femme dans ce type de personnage. - à tort, mais usuellement les auteurs hommes de ce sous-genre de la SF restent dans le cliché standard du guerrier, et c'est sans doute mieux pour mal d'entre eux, vu leurs seconds rôles féminins.
J'ai découvert le premier chapitre de ce livre à la fin d'Ancillary Justice : la narration (à la première personne) était enjouée, l'héroïne immédiatement sympathique, et je me suis dit que de la military-SF écrit par une femme, cela pouvait valoir le coup d'oeil (c'est plutôt rare, en plus) . En me renseignant un peu sur le livre et son auteur, j'ai été un peu surpris de voir l'étiquette de "Action-packed romance", mais bon, la romance ne m'a jamais fait peur. Et tant mieux !
C'est une trilogie pleine d'action, mais aussi de découvertes. Du vrai space opera (mais d'un point de vue de "fantassin", on ne verra pas de grandes batailles), avec des personnages ambivalents, des choix moraux pas toujours évidents pour nôtre héroïne, un peu de romance donc (mais assez peu somme toute), et surtout de l'aventure avec un grand A.
J’ai été heureusement surpris par le tour qu’a pris l’intrigue, et si l’univers est assez peu défini et plutôt classique, il est intrigant, entre son empire terrien qui s’oppose au royaume de Paradox et son roi de droit divin, ses trois races extra-terrestres, et ses mystères.

Tout cela dans un style très plaisant, avec une héroïne attachante, une auteure qui connait son métier, et qui nous offre un angle de vision différent sur la mil-scifi. Ce n'est pas un chef d’œuvre, mais un divertissement de qualité.

vendredi 12 septembre 2014

Ancillary Justice, par Ann Leckie



Sur une planète perdue ou l'a mené la quête impossible qu'il mène depuis 20ans, Breq retrouve dans la neige, mourant(e) - je reviendrai sur cet accord incertain - quelqu'un qu'il a connu il y a de cela un millénaire.
Breq, à l'époque, était le vaisseau Justice de Toren qui les transportait tous les deux.
En effet, Breq était l'IA d'un vaisseau de guerre de l'Empire Radch, et en même temps incarné(e) dans des ancillaires : des corps humains (dont on a détruit "l'âme"), en général les perdants des guerres coloniales et d'annexions de l'empire. Il / elle contrôle/est hébergé dans/ possède plusieurs dizaines de ces corps simultanément, ce qui lui permet d'être partout à la fois, ou presque, et d'en même temps servir d'ordonnance a son officier (un vrai humain), monter la garde autour de leur résidence, et enquêter sur une mystérieuse contrebande dans une ville récemment conquise.
Enfin, cela lui permettait, car il/elle est depuis vingt ans seul (e), isolé (e), une anomalie dont personne ne soupçonne l'existence.
Ce roman a eu trois prix cette année, dont le dernier en date, et le plus prestigieux peut-être, le Hugo. Il y a plusieurs choix stylistiques intéressants, sur le papier. Le premier est d'alterner la narration (à la première personne) entre le présent et une période - déterminante pour le/la heros/ine - d'il y a 20 ans. Ce n'est pas forcément original (cf Ian Banks), mais c'est bien mené.
Plus original, l'auteur a décidé que le genre par défaut de son roman serait le féminin, en rajoutant par-dessus/avec que la civilisation du narrateur n'attache pas d'importance au genre, avec un langage qui ne le marque pas, et un narrateur pour qui la notion même de sexe n'a pas d'importance. Ne le lisant pas dans ma langue maternelle, je ne suis pas certain d'avoir mesuré toute la mesure de ce changement de genre par défaut dans le langage, mais pour ce que j'en ai donc perçu, et de la hauteur de mon privilège masculin, je n'ai pas vraiment été convaincu.
Les corps multiples du narrateur (j'abandonne les jeux d'accords et de genre, trop lourds) sont l'objet de quelques passages intéressants, ou le multi-doublement (les ancillaires étant capable de pensée relativement indépendantes) nous est décrit sous la forme de perceptions multiples et d'actions simultanées.
De même, le fait que l'Empereur existe en plusieurs centaines de corps, capable d'actions indépendantes, voir cachées, a des ramifications intrigantes, qu'on découvrira au cours de la lecture comme assez centrale.
Enfin, l'univers, qui se dévoile par touche, a l'avantage de ne pas être trop mystérieux (je te regarde, Steven Erikson et ton Mazalan Empire..) dès le départ. La structure géopolitique de l'empire est basée sur l'expansion (par la conquête continuelle), mais il s'est heurté à une race qui l'a bloqué dans son élan, ce qui commence - dans le présent du livre - à mettre en danger sa structure sociale. Là encore, c'est une ramification qui se rattachera à l’intrigue principale.
Cependant, malgré une certaine richesse, et des idées intéressantes, je suis resté sur ma faim. Il y a peu de développement de personnages, le rythme est parfois un peu lent, et l’histoire se termine presque brutalement.
J’en garde une impression mitigée, un sentiment d’inachevé, et je doute que cela ait été le meilleur choix pour le Hugo. Il s’agit cependant du premier volume d’une trilogie « lâche », et je reste curieux de voir comment cela va évoluer à la fois pour le narrateur, et l’univers.

samedi 30 août 2014

La trilogie The Maze Runner (ou L'Epreuve en français) par James Dashner



Thomas se réveille dans un ascenseur montant, avec pour seul souvenir son prénom. Lorsque les portes s’ouvrent, il se retrouve au milieu d’un groupe d’adolescent (tous des garçons) qui vivent dans la Clairière (la traduction officielle est Bloc, ce qui s’éloigne un peu trop à mon goût du Glade initial), une très grande cour (avec un potager, une petite ferme, un refuge, une forêt et même un cimetière) au milieu d’un labyrinthe. Tous les soirs, les murs bougent pour isoler la petite communauté du reste des couloirs, car c’est à la nuit (principalement) que sortent les Griffeurs, créatures biomécaniques au venin quasi mortel. Mais si la victime est soignée à temps (par un sérum fourni ponctuellement par d’invisibles bienfaiteurs (ou organisateurs ?)), elle survivra, et y gagnera quelque souvenirs indistincts qui lui reviendront après une fièvre douloureuse.
Thomas doit donc s’intégrer dans cette communauté bien organisé autour de plusieurs « corps de métiers », dont notamment les Coureurs, qui explorent chaque jour (revenant avant la nuit !) le labyrinthe pour tenter d’en trouver la clé.
Mais son arrivée est un catalyseur de changement : la mécanique bien réglé du labyrinthe (un nouvel arrivant tous les 30 jours) se détraque au fur et à mesure qu’il découvre son nouvel univers, et ses compagnons d’infortunes

Le moins qu’on puisse dire est que c’est que cette série baigne dans le mystère et l’opacité : le lecteur finira par obtenir toutes les réponses, mais il faudra attendre la fin de la trilogie. Il est vraiment difficile du coup de parler du livre sans entamer le plaisir de la découverte. En tout cas, le contexte initial est passionnant (certes, j’ai un faible de pour les labyrinthes depuis (l’excellent) « The Man in the Maze » de Silverberg – les deux livres n’ont rien à voir par contre), et au cours de la lecture, on se prend au jeu des suppositions et à tenter de lire entre les lignes. C’est assez sombre – la vie est dure dans la Clairière -, l’environnement est assez étouffant, et assez horrifique.
Par la suite, le contexte change, s’agrandit, pas toujours de façon heureuse. L’auteur rajoute un soupçon de paranoïa qui enrichit bien la trame du deuxième volume, qui contient quelques scènes très fortes. Le dernier livre m’a semblé un peu plus faible, ou peut-être étais-je lassé, avec une intrigue moins efficace, moins bien gérée.
Il s’agit là d’un roman pour adolescents. On n’y trouvera donc pas de sexe. Par contre, la violence est très présente. Surtout, l’ambiance est très sombre, et lourde : les espoirs sont souvent déçus, les mystères sont oppressants, les alliés incertains, et il est bien difficile de survivre dans cet univers, comme le prouve l’hécatombe continuelle autour du héros.
En conclusion, dans la série « sf/horreur pour jeunes adultes », j’ai trouvé cela moins bien écrit, moins efficace, moins bien mené que la série Ennemis de Higson. Cependant, il y a quand même beaucoup d’action, de mystères intrigants, une ambiance éprouvante (et prenante), et le décor initial est vraiment intéressant. Mais je reste sur un arrière-goût d’insatisfaction, notamment parce que le « mystère principal », que l’on connait à peu près clairement au début du troisième livre, ne m’as pas semblé très crédible.
A noter qu’il y a un quatrième livre, qui en fait un prologue à la série, que j’ai trouvé encore plus sombre, mais pas forcément mieux réussi : mais le fait de le lire après la série (ce qui est l’ordre de parution) joue contre lui, car du coup, on sait exactement ce qui « tombe » sur les héros.

mercredi 2 juillet 2014

The Southern Vampire Mysteries ( aka True Blood), par Charlaine Harrie




Une envie soudaine (peut-être déclenchée par l'arrivée de la septiéme et dernière saison de True Blood) m'a poussé à lire l'intégralité de The Southern Vampire Mysteries, les romans à l'inspiration de la série. J’avais déjà les 5 premiers livres depuis bien longtemps, mais le déclic de lecture ne s’était pas produit.
L’intégralité des aventures et amours de Sookie Stackhouse, cela fait donc 13 romans, une douzaine de nouvelles, et un recueil d'adieux aux personnages (j'y reviendrai). Une œuvre conséquente, mais qui se lit assez vite et facilement.
Pour ceux qui ne connaissent pas, Sookie Stackhouse est une serveuse, dans un coin perdu du nord de la Louisiane. Elle a comme particularité d’être un peu télépathe, ce qui lui complique nettement ses relations, notamment amoureuses. Ces dernières sont en fait du coup inexistantes, jusqu’au jour où elle découvre qu’elle ne peut pas lire dans l’esprit des vampires : ceux-ci se sont révélés a l’humanité depuis que l’invention d’un sang artificiel leur évite d’utilise les humains comme bétail – comme objet de plaisirs (partagés), c’est autre chose. Toujours caché des hommes, il y a aussi des changes-formes, loup-garou, êtres féériques. Pendant donc une douzaine de volumes, Sookie va découvrir l’amour, la déception amoureuse, les différentes sociétés des espèces surnaturelles, tout cela assisté de ses amis, famille, et connaissances.
C’est un cycle ou chacun peut trouver son intérêt : romance, mystères, intrigues, personnages attachants...
Il est inévitable de procéder à une comparaison avec la série télévisé :
- les deux ou trois premiers volumes sont très proches des deux ou trois premières saisons, cependant, par la suite, les intrigues sont totalement différentes. Sui le traitement des amours de Sookie occupe a peu près la même place, la série est plus axé sur les rapports humains-surnaturels (plus politiques presque), alors que les livres sont centrés principalement sur les rapports entre espèces surnaturelles et leurs sociétés).
- l'héroïne des livres est nettement moins énervante que celle jouée par Anna Paquin, c'est sans doute en grande partie induit par le fait que c'est elle qui raconte, à la première personne, ce qui induit forcément une plus grande proximité entre le personnage et son lecteur/spectateur. Elle semble aussi plus intelligente, aidée en cela par un bon nombre de passages ou elle présente des déductions, donnant ainsi parfois des explications à certaines de ces actions passées qui ont pu sembler étranges. L'exemple typique étant que quand elle résout un mystère, l'auteur l'écrit de tel façon que l'exposé par Sookie de ses déductions est une surprise autant pour ses interlocuteurs que pour le lecteur (en tout cas, un lecteur comme moi, qui se laisse emporter par le flot d'un bon livre sans chercher à trop deviner ce qui va passer au chapitre suivant).
Comme j’ai pris trois semaines pour envoyer cette critique, je peux confirmer que la Sooki de la série de HBO m’insupporte, alors que je n’ai pas du tout le même ressenti pour celle des romans.
- comme l’intrigue, les autres personnages sont au départ assez semblable entre les deux versions, mais leurs évolutions par contre sont parfois extrêmement différentes. Il y a aussi quelques nouveaux personnages, notamment l’attachante Amélia la jeune sorcière.
- pour ce qui est des descriptions, ma tendance naturelle à survoler les passages descriptifs et la véracité du cliché « une image vaut 1000 mots » font que ma représentation mentale était celle de la série, sans aucune dissonance, saut peut-être pour Tara.
- en ce qui concerne la violence et le sexe, il n’est là aussi pas vraiment possible de comparer les impacts d’images et de mots : j’aurai cependant tendance à penser que la série est plus gore.
Mais il serait temps de parler de l’œuvre littéraire, plutôt que son adaptation.
Tout la série se lit bien, sans vraiment de moments creux. Il y a de l’humour, le style est direct, la narration par Sookie facilitant comme déjà dit l’immersion du lecteur. Le monde, les personnages évoluent, jusqu’au 13eme et dernier volume. Pour l’anecdote, le choix du compagnon de vie final de Sookie a entraîné une grande insatisfaction chez certains fans : à l’heure où j’écris ces lignes, il y a environ 1200 critiques a une étoile (soit 100 de plus que de notes maximales) sur Amazon décriant la résolution des amours de l’héroïne : pour ma part, je n’ai pas d’avis sur la question, à part me demander ce que va faire HBO.
J’ai apprécié la découverte progressive du monde surnaturel, même si, notamment par rapport à la série très implantée dans le contexte humain (ce n’est pas pour rien que certains en font une métaphore sur la condition homosexuelle dans la société), j’ai un peu regretté un cloisonnement fort entre le monde humain, et celui des vampires, changeurs de formes, et autres sorcières. Mais cela, c’est une préférence personnelle pour les scénarios de type « Et si c’était vrai, que se passerait il pour nos sociétés ? ».
Après, je ne reviendrai pas sur chaque volume individuellement – il aurait fallu que je suis plus organisé et prenne des notes - mais la structure est de mémoire assez identique pour chaque : quelque chose dans le voisinage se produit, ou un ami de Sookie a un souci, et celle-ci doit résoudre le problème tout en gérant sa vie amoureuse complexe, bien que monogame (le compagnon change juste de temps en temps). Le côté romance est présent, mais n’est pas primordial (enfin, selon moi.. vu les réactions des fans, je suis peut-être passé à côté..). En fait, pour moi, c’est du thriller surnaturel, plutôt léger dans la forme, mais avec un fond parfois sanglant (sans jeu de mot). Et pas mal de romance, même si ce n’est pas du Harlequin avec des crocs et de la fourrure....
Un petit mot sur After Dead : un dictionnaire de tous les personnages (ou presque), des plus mineurs aux plus importants qui vient en ultime clôture de la série, sans en faire partie.. Cela permet de dire adieu aux individus qu'on a fréquentés pendant 13 livres, l’auteur nous décrivant (rapidement) se qui se passe pour chacun d'eux après la fin de la série de livres.
J’ai cru apercevoir entre les lignes des "private jokes" et du "fan service", et ça forme une sorte de puzzle pour nous donner une vision globale du monde "d'après". C'est court, mais amusant : j'imagine aussi que cela peut aussi nourrir la frustration de ne pas voir les événements décrits plus amplement racontés. D’ailleurs, en repassant sur Amazon.com, je vois que les critiques sont a 90% ultra-négatives, et qu’au contraire de ma perception la plupart l’accusent de continuer a se moquer, de voir de mépriser ses lecteurs-fans. Il semblerait pour reprendre William Congreve (et non Shakespeare, comme je croyais) qu’ »Hell hath no fury like a fan scorned » (cette phrase est d’ailleurs une citation inexacte, mais il est difficile de refaire le jeu de mot avec la vraie tournure).
Petit aparté : je découvre avec étonnement et ahurissement ces réactions exacerbées de fans en colère. D’un autre côté… c’est au moins un livre, plutôt qu’une équipe sportive, qui suscite menace de mort et hurlements de rage : peut-être peut-on considérer que c’est un mieux ?
Pour conclure, j’ai passé un bon moment à la lecture de cette série de livres. Sans plus, cependant : cela ne va pas me laisser un souvenir impérissable, et ce n’est sans doute pas des livres que j’offrirai. Mais c’est souvent intrigant, souvent drôle, et jamais ennuyeux : un bon plaisir de lecture.

lundi 12 mai 2014

Timelines, une anthologie




Une anthologie de nouvelles, c'est toujours bien. Si jamais l'une est mauvaise, la suivante sera meilleure, et on ne s'ennuie jamais bien longtemps. Ici, il s'agit donc d'une collection d'histoires plutôt courtes (pas de novellas dans ce recueil), tournant autour du voyage dans le temps.
On peut classer les textes en grandes catégories :
- plusieurs tournent autour de la Fin des Temps : jusqu'où peut-on voyager, et qu'y trouve-t-on ? J'ai particulièrement la plage désolé de Love & Glass, ou viennent s'échouer tous les voyageurs temporels, accueilli par une étrange créature.
- quelques histoires reprennent l'idée "et si on allait tuer Hitler" et les différentes conséquences de cet acte (Spree raconte une spirale infernale pour tenter d'obtenir un meilleur futur, un véritable carnaval de conséquences de plus en plus terribles).
- quelques nouvelles sont des hommages directs à La Machine à voyager dans le Temps, et reprennent le personnage du Voyageur de H.G Wells : dans Cruel Geometry, les morlocks ont réussi à copier la Machine, et prennent le contrôle de leur passé : comment lutter ?
- pas mal d'histoires, et cela m'a surpris, sont réellement inquiétantes, voir dérangeantes : j’ai particulièrement été troublé par "Conditional Perfect" : le voyage dans le temps est ouvert à tous, et permet de visiter des passés parallèles. Ce qui est utilisé non pas dans un but de recherche scientifique ou éducatif, mais pour les pires divertissements exercés sur des humains considérés comme "irréels". Le début de la nouvelle s'ouvre sur le découpage d'un 747 en plein vol, la chute des passagers amusant énormément les voyageurs du futur dans leurs voitures volantes, pour se poursuivre sur la mise à sac d'une ville. Et si le narrateur ne prend pas part à ces exactions, on découvre que sa quête est tout aussi horrifiante. C'est une nouvelle qui m'a fait une très fort impression.
- "By His Sacrifice" est fort intéressante : que fait-on de l'enfant qui deviendra celui qui est venu du futur nous sauver dans notre passé ?
- et pour clore l'inventaire, il y a quelques histoires plus drôles, par exemple Wikihistory, qui fait le parallèle entre les éditions de l'histoire et celles de Wikipedia à travers une suite de commentaires (de mémoire, c'est à peu près comme cela :
"SuperVoyager : J'ai tué Hitler, le monde va aller mieux »
"Moderator : Prière de ne pas tuer Hitler avant d'avoir lu les informations de base. Ça m'évitera d'avoir encore à corriger cet acte")

Au final, un excellent recueil, recouvrant de nombreuses ambiances, et une bonne surprise pour moi, notamment pour les textes les plus effrayants.