lundi 29 décembre 2014

L'empire des Damnés, par Laurent Chabin



Garance (déjà, il y a une dissonance par ce prénom - il ne s'agit pourtant pas d'une traduction) est une adolescente de 13 ans, appartenant au peuple des Damnées. La veille de son mariage forcé avec le vieux dégoutant Koulak (je ne suis plus tout a fait sur de l'orthographe, mais ce n'est pas loin - nous en reparlerons), son village de paysans faméliques est massacré par une troupe de cavaliers, des soldats barbares de l'empire. Elle s'échappe, et tombe prisonnière d'une sorte de mystique fou, bien introduit auprès de l'empereur car le seul capable de soigner son fils. Mais la révolte gronde en interne, alors que la guerre tonne à l'est.
Ils [Les maîtres] étaient beaux et nous étions laids. Toute notre beauté était partie chez eux avec le fruit de notre travail. Il ne nous restait que la faim et la souffrance.
Au début, j'ai cru y voir une espèce de Germinal fantasy.
La terre était littéralement éventrée, et de ses profondes blessures, des damnés faméliques, parmi lesquels des enfants, extrayaient de pesants paniers remplis de minerai
Je n'étais pas vraiment convaincu par l'ambiance mortifère et l'avalanche de problèmes et d'avanies sordides qui tombaient sur l’héroïne. Et puis, j'avais des petits signaux qui tintaient dans mon cerveau, jusqu’à ce que tout s'éclaire en voyant sur la couverture du second tome un petit autocollant "Inspiré de la révolution russe". Bon sang, mais c’est bien sur !, on retrouvait les Cosaques, les koulaks, Raspoutine, la Sibérie, Lénine exilé en Suisse, la révolte des marins, et sans doute bien d'autres éléments que je n'ai pas vus..
Cependant, cela ne m'a pas convaincu, au contraire. Avant de revenir sur ce que je pense spécifiquement de cette reprise historique par l'auteur, je dois dire que même sans cela, le ton excessivement misérabiliste du livre me posait problème. Et cela n'était pas parti pour s'améliorer. Voici les dernières lignes du premier tome :
Pourtant la suite des événements allaient tragiquement lui donner raison.
Même si je ne m'en étais pas encore rendu compte, la Terreur était déjà la.
Et les quatrièmes de couverture des deux autres volumes de la trilogie n’annonce rien de réjouissants...

Je pense aussi que d'avoir voulu transposer la révolution russe dans un univers en changeant presque uniquement les noms propres n'était pas une bonne idée. Je ne comprend pas en fait l'intention de l'auteur : si c'était pour écrire une histoire pendant la Révolution russe, ce n'était pas la peine de jeter par dessus un camouflage troué- on soupçonnerait presque l'écrivain de vouloir nous éblouir lourdement de son astuce ("regardez, je vais appeler les miséreux les Damnés, et pis le paysans riche s'appellera Koulak"). Un roman historique aurait été encore plus fort émotionnellement, et moins... trivial.
Je me suis interrogé un petit peu sur mon sentiment de rejet de ce livre à cause de son inspiration historique déguisée - pour moi - à tort. Parmi mes livres préférés, je compte 3 Guy Gavriel Kay, qui tous sont plus ou moins basés sur des faits historiques :
- A song for Arbonne : de loin inspiré par la croisade des cathares et/ou les conflits entre pays d'oc et d'oil, (mes références historiques se font lointaines)
- Tigane : avec une situation géopolitique bien inspirée de l'Italie de la renaissance aux multiples divisions.
- et surtout Lions Of Al-Rassan, une copie très proche de l’Espagne juste avant la Reconquista.
Et je n'y ai jamais ressenti le malaise que j'ai eu en lisant ce livre. Si le ton misérabiliste y est pour beaucoup - Kay est parfois dur, mais ne sombre pas dans le sordide -, peut-être aussi que la Révolution Russe est trop proche de nous, ainsi que ses conséquences.
Et puis, Kay reprend les contextes géopolitiques, mais pas l'histoire complète, à part peut-être Al-Rassan. Les personnages sont toujours au premier plan, et surtout, il ne les place pas en témoins d'un vraie-fausse Histoire. C'est peut-être cela, le plus dérangeant, tout les moments ou l'héroïne n'est que spectatrice, comme si on assistait a un cours d'histoire, mais en même temps, sans que cela soit assumé par l'auteur - pourquoi sinon rajouter cette dérisoire distanciation tendance fantasy ?
Enfin, clairement, Chabin n'a pas - à mon avis - le talent d'écriture de Kay.
Avec peut-être un peu moins de misérabilisme, ou alors tout simplement si cela avait été conçu et affirmé comme un roman historique, je pense que j'aurai eu un meilleur avis sur ce livre. Tel quel, je ne comprends pas l’intention de l’auteur, et je n’aime pas son résultat.

samedi 13 décembre 2014

Ashes of the Dead - Bucket of Blood, par Jake Miller


C'est du western, avec des zombies, un cimetière indien saccagé par un riche propriétaire minier qui se vengent par une malédiction - d’où des zombies, un cowboy solitaire sans nom qui a enterré sa femme, une tenancière de saloon au grand cœur - mais leur amour est impossible, il est trop solitaire.
En relisant ce que j'ai écrit ci-dessus, je me dis que même si en plus, ce n'est pas vraiment mon genre (et que je pensais initialement remonter mon avis pour ne pas pénaliser un livre dont je ne suis pas dans le lectorat cible) , c'est quand même assez mauvais.

 En effet, par expérience, je sais que si un livre est bon, il me plaira quelque soit son genre. La qualité intrinsèque transcende toujours un éventuel désintérêt pour le genre, le sujet, ou le thème d'un livre.

Et puis bon, il y avait des zombies ! (sous-entendu : cela partait bien)

Sans compter que bon (j'étais parti pour faire une critique en 3 lignes...), dans le même genre, j'ai bien aimé certaines oeuvres de Cherie Priest, notamment Boneshaker et Dreadnought, qui sont certes plus Steampunk que Western pur, mais reprennent pas mal des canons du genre - enfin, si on accepte que l'héroïne soit une femme..

Donc, non, je peux rester sans regret sur mon avis négatif.