dimanche 26 février 2012

Le quai de Ouistreham, par Florence Aubénas


Le quai de Ouistreham
Vie et misère des petites gens...



Florence Aubénas, dans la lignée de Gunter Walraff et Tête de turc (peut-être pas le premier du lot, mais en tout le premier que j'ai lu il y a bien 15 ans) a écrit un roman sur son immersion dans une autre vie. Pendant six mois, elle a changé son identité sociale, est devenu une femme qui n'avait jamais travaillé, lâché après 20 ans de mariage par son mari, et isolée sur Caen, la ville de son "expérience".
Elle raconte donc sa vie de "femme de ménage", la précarité qu'elle expérimente, et surtout, elle décrit, dévoile, le quotidien des gens qu'elle fréquente.
C'est donc un long panorama de misère sociale et culturelle : des femmes qui doivent faire deux heures de trajets pour une heure payée au SMIC, des chefs médiocrement cruels, l'arrogance des "nantis" (ceux qui ont un vrai "travail"). Des choses dont on se doute plus ou moins, mais que sur 300 pages, on est forcé de le comprendre davantage.
C'est drôle de désespoir. ("Je m'empresse de rire de tout, de peur d'en pleurer", Beaumarchais).
C'est la france d'en bas, la vraie, qu'on imagine connaître, qu'on méprise facilement parce qu'ils regardent TF1 et lisent Voici.
C'est donc assez poignant, racontant une réalité de 2008 qui ne s'est de toute façon pas arrangée. C'est facile à lire, bien écrit (pour le genre).  On est un peu placé dans une situation de voyeurisme, mais l'auteur s'en tient à une stricte neutralité narrative.
Et on peut lire ça en plaignant ces pauvres gens, et en se rassurant comme quoi, heureusement nous, on est dans la classe moyenne, au moins, on vaut mieux (et on aura mieux) que ça, toujours.
Hein que je suis pas en danger, que ça va pas m'arriver ? Que j'aurai toujours le choix de ne pas me laisser exploiter jusqu’à la lie ? Hein ? Hein ?

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