mardi 26 novembre 2013

La trilogie de Gaïa, par John Varley



La trilogie de Gaïa raconte sur trois volumes et une centaine d'année les aventures d'un groupe de terriens (et notamment de deux d'entre eux) sur un planétoïde intelligent situé près de Saturne. L'intelligence de ce planétoïde se manifestant par son incarnation, Gaïa, qui s'ennuie un peu après tune existence de trois millions d'années, même si la vie sur terre la divertit pas mal, d'autant plus depuis l'invention de la radio et de la télévision.
Ainsi donc, quand un vaisseau spatial terrestre passe à proximité, celui est intercepté, et son équipage transféré a l'intérieur du planétoïde : qui est en fait un gigantesque (et varié) écosystème, peuplé par les créations de la maitresse des lieux qui vont d'animaux-dirigeables à centaures bi-sexués (le genre de la ou le Titanide (c'est leur nom) étant défini par leur sexe frontal). L'équipage et notamment la courageuse capitaine Cirroco Jones doivent survivre dans ce monde de poche régi par une déesse inconstante, mais heureusement pas omnipotente ni omnisciente.
Cette courte description (qui occulte beaucoup, beaucoup de choses) donne je l’espère une idée du ton général de cette trilogie : une imagination débridée, de l'humour limite loufoque (mais aussi parfois du drame).
Cela fait un patchwork parfois illégal, bien que servi par un talent indiscutable d'écriture, des personnages complexes, et un foisonnement d'idée impressionnant.
Au final, je suis assez ambivalent : c'est une bonne série (Prix Locus 1980 pour le premier volume) de façon indéniable, mais c'est parfois un peu trop daté SF fin 1970 pour moi..





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mardi 8 octobre 2013

Dreadnought par Cherie Priest



Cela fait trop longtemps que je l'ai lu, ma critique sera donc rapide...

Toujours dans l'univers alternatif-guerre de Sécession-steampunk de Priest, ce volume m'a plus davantage que le précédent. L’héroïne est une femme forte, infirmière dans un hôpital de guerre, qui doit traverser le continent (et la frontière Union-Confédération) pour rejoindre son père mourant.

C'est donc un récit de voyage, ou l'important n'est pas tant les lieux traversés que les moyens de transports utilisés, et notamment le train blindé : Dreadnought. En plus d'être lui même un secret militaire de haute technologie, ce train transporte une bien mystérieuse cargaison.

Le rythme du livre est inégal : si le début et la fin sont plutôt réussis, le milieu est assez lent. Cela donne certes le temps au lecteur de découvrir la société et l’héroïne, avec l'inconvénient que le final (dont certains éléments sont annoncés depuis longtemps) se fait attendre, mais il ne décevra pas ceux qui attendaient un peu plus d'action.

Bien sur, c'est sans nul doute une mine d'inspirations pour le jeu de rôle Deadlands.

lundi 7 octobre 2013

Gone (la série), par Michael Grant




Cette critique porte sur l’ensemble de la série. Elle est disponible en français.
Gone est une série en six volumes (une hexalogie, non ?) orientés jeunesse "moderne" (on n'est plus dans le club des 5, genre ( comme on dit maintenant)) : je reviendrai sur la cible en fin.

Un beau jour, tout les adultes (tous les 15 ans et plus en fait) de la petite ville californienne de Perdido Beach disparaissent, ne laissant derrière eux qu'environ 300 bébés, enfants, pré-ados et jeunes adolescents. Ceux-ci découvrent bien vite que leur ville et ses alentours sont enfermés dans une sphère opaque (laissant quand même passer la lumière) d'environ une vingtaine de kilomètres de diamètre, coupant tout contact avec l'extérieur (si cet extérieur existe encore.. )
Il va donc falloir s'occuper des plus jeunes, gérer les dissensions et les ambitions (notamment venant de membres d'une école privé pour adolescents difficiles, mais de bonnes familles),et s'adapter à un environnement nouveau : certains animaux changent, et certains des enfants manifestent des pouvoirs mutants : super-vitesse, rayon laser, télékinésie...
De plus, ils ne sont pas tout seuls dans leur Zone : une force maléfique poursuit un sombre dessein.
Et pour couronner le tout, tout adolescent atteignant 15 ans disparait.

Je ne vais pas faire le synopsis des six volumes : j'ai commencé à le faire, et c'était à la fois trop court pour ne pas trahir et trop long pour être lisible.
On va donc suivre pendant six volumes une vingtaine de personnages différents et attachants (un héros malgré lui, une jeune fille prête a beaucoup pour la survie de son petit frère autiste, un adolescent qui face aux difficultés se révèle a lui même méprisable, une autre jeune fille qui se dévoue a tenir une crèche...), dans une situation qui se dégrade au fur et à mesure que l'histoire avance (suite aux dissensions, l'épuisement des ressources, l'influence et les actions de l'Ombre, jusqu’à un final apocalyptique, et des épilogues très satisfaisants.

L'histoire est parfois violente, même sanglante (il y a des insectes cauchemardesques), mais le (délicieusement) pire a été pour moi le côté psychologique : chaque succès n'est que temporaire, les choses vont presque  toujours vers le pire, plus le temps passe, plus la situation empire, les personnages sont pleins de doutes et l'auteur ne recule pas devant un certain réalisme : par exemple, au bout de deux livres, la plupart des animaux domestiques ont été mangés, certains enfants mutants sont rendus inoffensif en leur coulant les mains (source de leur pouvoir) dans un bloc de ciment..
Mais il y a aussi un petit peu de romance (rarement heureuse) et de l'humour, parfois :
She kissed him and slid on top of him. Their bodies did the rest.
At some point in the hours that followed he said, “Astrid?”
“Don’t you think you should have made sure of that about three times ago?”
Chaque livre est structuré sous la forme d'un compte à rebours horaire (Chapitre 10 : 34h 31mn, Chapitre 11 : 26h 45mn), vis a vis du final du livre, qui illustre bien la montée en puissance de la tension. A ce titre la, le dernier volume est exemplaire, haletant. Pour tout dire, j'ai perdu pas mal de sommeil avec "je vais juste lire deux trois pages pour me rendormir a 2h du matin", pour en arriver a ce que l'aube pointe sur la dernière page du volume..
C'est donc un mélange de Sa majesté des mouches pour la violence par et parmi les enfants, de X-Men (enfin.. de trucs avec des mutants qui ont des pouvoirs) pour le côté mutants, et de roman d'aventures et d'actions.
Il y a des personnages très attachants (mais attention ! certains meurent, et aucun n'en ressortira indemne), ce n'est pas du tout manichéen, les personnages évoluent, changent, murissent (assez logiquement vu le contexte), se trahissent eux même ou trouvent leur voie.
C'est aussi pleins de mystères (qui se résoudront), de tension, d'action, c'est extrêmement prenant, et très plaisant. Destiné jeunesse (les couvertures peuvent décourager :)), c'est moins effroyable qu'Ennemis mais cela reste assez dur. La galerie de personnages, l'action incessante, les situations complexes et difficiles en font un tout cas un livre que j'ai eu beaucoup de plaisir (et de frissons) à lire.

dimanche 25 août 2013

Le Cycle de Tschaï, par Jack Vance




Un vaisseau d'exploration terrien arrive en orbite d'un planète inconnue, d’où a été émis un message de détresse il y a plusieurs décennies. Il est abattu et seul Adam Reith, un spécialiste de la survie, s'en sort. Il se retrouve sur une planète du nom de Tschaï ou il va connaître de nombreuses aventures, découvrir des races non-humaines étranges, et aura besoin de toute son ingéniosité et ruse pour revenir sur Terre..

Cette quadrilogie est l'une des œuvres les plus connues de Vance, a juste titre. C'est un grand roman d'aventure (C'est d'ailleurs le titre VO de la série : Planet Of Adventure, quelle coïncidence..), tout a fait représentatif de la SF des années 50-60 (plutôt 50 que 60, malgré sa date de parution, dans le sens qu'on est bien loin de certaines œuvres plus .."modernes", comme celles de Dick ou Farmer ), mais la qualité d'écriture et la maitrise de l'auteur en font un classique toujours plaisant à lire. On n'y trouvera pas de personnages féminins marquants, par exemple, mais on ne sera pas non plus choquée par une misogynie "de l'époque" trop lourde.

En quatre livres pleins d'action et de mystères, on découvre une planète peuplés d'humains et non humains aux mœurs étranges, voire ridicules, un patchwork de sociétés et de cultures comme Vance a toujours aimé écrire et nous décrire.
J'ai pour ma part une préférence pour le premier et le troisième, sans doute parce que l'action y est la plus intense, et plus dans les thèmes que j'affectionne (exploration, reconstruction et survie). Mais le Wankh et le Pnume nous présente aussi chacun deux long voyages, chacun dans leur genre, intéressant et prenant, et ne sont pas vraiment moins bons.

Pour l'anecdote, un camarade de classe, il me semble un certain Guillaume Brûlé (peut-être que je le calomnie a tort :) ) m'avait croire qu'il y avait un cinquième volume, ou le héros revenu sur la Terre, se transformait en créature de Tschaï . Ah la duplicité des gens (ou ma confiante naïveté) n'a pas de limite..



Je suis assez content en tout d'avoir l'édition J'ai Lu des années 80, avec les magnifiques couvertures-bestiaire (chacune représentant une race) de Caza.
En tout cas, s'il faut tout lire (sans doute) de Vance, il faut au moins avoir lu ceux-la.

dimanche 21 juillet 2013

14 par Peter Clines



(tldr . lisez ce livre)

Nate a trente ans, pas de petite amie, et un stupide boulot sans avenir, qui ne lui permet même pas de se loger correctement à Los Angeles. C'est pour cela qu'il est bien content d'avoir trouvé une location bien en dessous du marché dans un vieil immeuble un peu.. étrange. L’ascenseur est en panne depuis des années, l'immeuble est classé aux monuments historiques, mais personne ne sait pourquoi, la porte de l'appartement 14 est barré par deux planches clouées en travers et quatre cadenas, chaque appartement est complétement différents des autres tant dans l'agencement que dans les dimensions, le moins exotique de tout étant les locataires, de l'artiste aux cheveux bleues qui bronze nue sur la terrasse du toit au croyant convaincu et un peu lourd : bref, des californiens typiques. Nate finit par être intrigué par tout ces mystères, et avec plusieurs de ces voisins, se lance dans l'enquête, entre bières sur le toit, mesures précises des murs intérieurs et explorations des sous-sols fermés..
J'ai connu Clines par ses excellents romans de super-héros contre zombies, mais en attendant le troisième de la série, je me suis lancé dans ce livre par défaut. A part la localisation à Los Angeles, il n'a rien à avec l'univers de Ex-(Heroes/Patriots..), puisque plutôt que de se situer dans un futur post-apocalypse-zombie, il se passe à notre époque, avec des personnages typiques. Ceux-ci sont attachants, rapidement crédibles et appréhendés, grâce notamment aux dialogues pleins d'humour. Le rapprochement de certains des protagonistes avec des archétypes d'un certain dessin animé est assumé.
- Fred always goes with Daphne and Shaggy always sticks with Velma.
-Well then, in that case, I'm Scooby.
(si vous n'avez pas vu la version récente : Mystéres associés/Mystery inc., vous devriez : c'est totalement au goût du jour (intrigues sur plusieurs épisodes ou la saison, références geeks etc..) et et extrêmement regardable même sans enfants)

Les deux premiers tiers de ce livre sont un roman de mystère légèrement thriller, la fin (pas totalement imprévisible au bout d'un certain point) basculant plus dans l'horreur. A un moment, j'ai pensé à Lost : comme dans cette série, les éléments de mystères s'ajoutent les uns par dessus les autres, mais la grande différence est que c'est correctement maîtrisé : il y a une fin, et une explication qui tient la route. Enfin.. ce n'est pas de la hard science non plus, mais tout est logique, il y a juste quelques points un peu implausibles (je ne peux pas vraiment en parler sans dévoiler l'intrigue), mais ce fut pour moi une pilule très facile à avaler, tellement j'ai été emporté par le récit, séduit par les personnages, et intéressé par les mystères et leur résolutions. Le dernier tiers est plus horrifique, avec un peu plus d'action, avec des scènes marquantes, mais aussi encore un peu d'humour, et un sens certain du récit.
Au final, une vraie réussite, un roman a mystère dont la fin ne déçoit pas, des personnages plaisants, et un grand bon moment de lecture divertissante. Chaudement recommandé.
Malheureusement, rien de Clines n'est encore traduit en français, je me demande bien pourquoi...

samedi 15 juin 2013

Warm Bodies, par Isaac Marion



R (il ne se souvient pas de son nom, sauf que cela doit commencer par un R) est un zombie. Il passe son temps a glander dans son avion ou il réside a l’aéroport qu’occupe sa horde, grogner avec son pote M, et quand ils ont faim, monter un groupe pour aller en ville manger de la chair fraîche, surtout des cerveaux qui leur font vivre des flash mémorielles de leur victime. Et lors d’un de ces raid, il rencontre l’ex du porteur de cerveau qu’il vient de dévorer, et il en tombe amoureux. Il la déguise rapidement en zombie, et la ramène avec lui.

"No one I know has any specific memories. Just a vague, vestigial knowledge of a world long gone. Faint impressions of past lives that linger like phantom limbs. We recognize civilization - buildings, cars, a general overview - but we have no personal role in it. No history. We are just here. We do what we do, time passes, and no one asks questions. But like I've said, it's not so bad. We may appear mindless, but we aren't. The rusty cogs of cogency still spin, just geared down and down till the outer motion is barely visible. We grunt and groan, we shrug and nod, and sometimes a few words slip out. It's not that different from before."


J’avais vu la bande annonce du film tiré de ce roman. Une bande annonce sympathique, mais que je suspectais de contenir l’essentiel des bons moments du film. Je ne peux pas confirmer ou infirmer cela, mais en tout cas à la voir, l’adaptation semble être extrêmement fidèle - bien que j’ai un doute que certaines scènes soient retranscrites, comme quand les zombies essayent de faire du sexe entre eux. Parfois, le livre est assez crade/ gore.

Mais au fond, c’est surtout.. mignon.. Le livre est parfois catégorisé comme « Romance zombie », et c’est pas faux. De la romance pour adulte, mais romance quand même. C’est plutôt agréable, et avec pas mal d’humour, notamment pour la description de la « société » des zombies, un peu de mystère, quelques descriptions saisissantes (notamment la ville des humains a l’intérieur d’un stade).

Au final, ça se lit facilement, j’ai trouvé cela plutôt bien écrit, sans lourdeur, et si on peut sans doute critiquer certains points (le personnage de Julie est parfois un peu limite notamment), c’est plaisant et prenant, parfois drôle, parfois horrible, et avec un petit peu de réflexion sur la marge parfois mince entre les vivants et les non-morts...

dimanche 9 juin 2013

Embedded par Dan Abnett




300 ans dans le futur, la guerre froide continue toujours, peut-être un plus froide parce que répartie sur une centaine de planètes, mais toujours présente malgré tout. Lex Falks est un journaliste réputé et désabusé, envoyé sur la planète 86 (ce qui est soit un jeu de mot, 86 voulait dire jeté car inutile, ou une référence à une année charnière de la guerre froide dans la réalité) pour servir de relais malgré lui à la propagande du complexe militaro-corporatiste des USAs. Mais quand les rumeurs de rebellions enflent, et que cela nuit aux intérêts de la principale corporation sur la planète, celle-ci décide le mandater pour montrer que ce n’est pas eux, les méchants. Ils lui proposent de l’implanter dans l’esprit d’un des soldats envoyé en patrouille : il verra par ses yeux, sans pouvoir cependant communiquer avec lui. Les détails techniques sont largement passés sous silence, mais c’est une opportunité unique. Il accepte, et bien entendu, tout se complique que cela soit la situation interne ou externe.

...It’s a giant rolling ball of shit coming downhill and sweeping everything up. And that giant rolling ball of shit’s called history, and we were standing in its fucking way.

J’ai pris ce livre par collectionnite : j’aime bien Dan Abnett (en tant qu’auteur de romans dans l’univers de Warhammer 40000), donc je vois un livre de lui, je le lis. Pour tout dire, j’ai commencé ce livre par ce que je n’en avais pas d’autre en stock et j’étais même plutôt réticent, comme si je ne le pensais pas capable de faire un pur roman de SF qui ne soit pas inspiré du jeu de figurines.

Et j’avais bien tort. Et j’aurai du m’en douter, car en fait, en y réfléchissant à posteriori, déjà dans son œuvre Warhammer 40000, on peut observer une évolution, notamment à partir d’Only in death, qui se détache des poncifs du jeu (même si j’aime cela aussi) pour gagner plus de « valeur » intrinsèque.

Et c’est confirmé par ce livre, qui est un excellent roman, et pas uniquement de la mil-scifi. On y retrouve les scènes de combat viscéral d’Abnett, qui grandissent en qualité de ne pas baigner dans le « Toujours plus» propre au 40eme millénaire, mais associé à des personnages intéressants, et des situations complexes. On peut aussi voir dans ce livre des réflexions et des critiques sur les liens média, entreprises, et armée, en rapports le début de ce siècle, de la même façon que Starship troopers ou Forever War étaient aussi en lien avec leur époque.

Au niveau des critiques, le début est peut-être un peu lent, pour ma part, j’ai trouvé cela comme une mise en place nécessaire et pas désagréable. La révélation finale n’est qu’à moitié surprenante, mais ce n’est pas vraiment le point d’intérêt central du livre, de toute façon.

Pour conclure, ce livre est une très bonne surprise, et j’espère qu’Abnett va continuer à voler de ses propres ailes, car si Triumff était déjà intéressant, Embedded est vraiment une réussite.

vendredi 7 juin 2013

Wool Omnibus par Hugh Howey



Dans un immense silo souterrain de 150 étages, autour d’une escalier en spirale (et pas d’ascenseur) vit une société hiérarchisée, pour ne pas dire stratifiée en bas, les mécaniciens / mineurs, plus haut, les fermiers, le département informatique, les crèches, jusqu’au bureau du shérif, tout en haut, avec sa sortie sur l’extérieur qui permet d’expulser les criminels dans un monde toxique et inhabitable (avec une combinaison leur assurant quelques minutes de survie, le temps de nettoyer la caméra qui permet au gens de l’intérieur de voir leur environ) . Mais cet univers qui semble immuable cache ses secrets : est ce que vraiment tout est mort dehors ? L’histoire enseignée est elle véridique ?

Ce livre est souvent considéré comme le pendant SF à 50 nuances de gris, non qu’il y ait du sexe dedans, bien au contraire, mais plutôt parce que c’est aussi un livre auto-édité qui devint un grand succès. N’ayant pas lu le roman SM (c’est la que je me dis que je vieillis : ma libido n’est plus un facteur de choix de lecture), je ne m’attarderai pas sur la comparaison entre ces deux ouvrages, les thèmes me semblant bien différent, et celui qui lirait l’un en le prenant pour l’autre serait surement très déçu.

Au départ, j’ai trouvé que l’histoire se répétait un peu. Les trois premiers chapitres (ici appelé livres) m’ont parus un peu trop semblables dans leur structure, avant que je réalise que c’est en fait une pyramide inversée : chaque chapitre se construit sur le précédent pour nous faire découvrir davantage le monde et notamment la société étrange du silo, avec par exemple sa loterie ou après chaque décès une loterie a lieu pour donner le droit a un couple d'avoir un enfant.

Il faut savoir que Wool a commencé comme une suite de novellas, qui ont été réunis en un volume, suite à leur succès. Mais on n’a pas affaire ici a un ramassage de fond de tiroirs pour sortir une anthologie, les nouvelles se suivent et racontent une histoire totalement cohérentes : Wool est un vrai roman.

Un roman correctement écrit, avec du mystère, des dangers, des révélations, des personnages attachants, un sens du récit certain de la part de son auteur (un peu gâché par une histoire d'amour pas vraiment réussi), Pas forcément de la grande littérature, mais un très bon divertissement.

mardi 4 juin 2013

Triumff: Her Majesty's Hero, par Dan Abnett


Triumff: Her Majesty's Hero
En l'an de grâce 2010, sous le règne d'Élisabeth XXX (oui, 30), Triumff est revenu d'une exploration qui lui a permis de découvrir l'Australie. Cependant, il retarde le moment de faire son rapport officiel, ce qui ouvrirait ce continent a l'exploitation par l'Unité Anglo-Hispanique. Mais lorsque le magie de Londres devient perturbé à la suite d’un sacrifice sanglant, il doit agir en sous-main pour sauver le Royaume.

J’ai eu du mal avec ce livre, comme j’ai toujours du mal avec les auteurs anglophones qui écrivent en anglais vieilli, notamment pour faire du swashbuckling, aka cape et d’épées, voir aussi Brust et sa Phoenix Guard (bien que dans son cas, je dois dire aussi que la lecture de son inspiration (les 3 mousquetaires) n’est pas non plus toute simple). J’ai failli abandonner le livre pour cela, et aussi parce que l’auteur essaye parfois un peu trop de faire drôle.

"Eastwhooho’s words crackled softly like burning leaves.

“This is a Fulke and Seddon all-steel ten-shot pinfire harmonica pistol,” he said, “the most powerful handgun in the Unity. From here, it could take your balls clean off.”
“Is there any way I could get out of this without bleeding profusely?”
“Shhhhh!” rasped Eastwoodho in annoyance. “I haven’t finished. Now, do you feel opportune, punk?”


Mais bon, au fur et à mesure, il m’a fallu de moins en moins d’effort pour suivre. L’intrigue prend le dessus sur les effets d’écritures, l’humour est de meilleur niveau (ou je m’y suis habitué ?) et si on peut reprocher un traitement un peu trop superficiel des personnages, ainsi qu'un univers très succinctement évoqué, le dernier tiers du livre est très prenant.

En conclusion, après un début pour moi laborieux, on a au final une belle aventure pleine d’humour. J’aimais bien Abnett pour ses romans Warhammer 40K (notamment Ghost’s Gaunt), la c’est un autre genre, et c’est très correct.

dimanche 2 juin 2013

Nekropolis, par Tim Waggoner



Après avoir lu un Nekropolis qui ne contient pas de zombies (mais qui valait largement le coup), voici donc un Nekropolis qui respecte son titre.

A commencer par le personnage principal et narrateur, Matt Richter : policier a Philadelphie, en suivant la piste d'un tueur en série étrange, il s'est retrouvé à Nekropolis, une ville dans une dimension parallèle ou se sont enfuis tout les démons, vampires, changeurs de forme et autres sorciers devant l'inexorable progression des humains. En concluant son enquête, il s'est retrouvé zombifié, mais a conservé son intelligence, et n'est pas tenu de manger des cerveaux ou quoique ce soit d'ailleurs.

Depuis, il vivote (zombote ?) en rendant des services a droite à gauche. Cela lui permet notamment de payer un prêtre vaudou pour lancer les sorts qui l'empêchent de se décomposer.

Ses aventures se déroulent donc dans Nekropolis, un ville située dans une dimension d'obscurité . La ville (dont on ne sort pas, sauf quelques portails en lien avec la Terre) est découpé en cinq quartiers, chacun appartenant à un seigneur des ténèbres spécifiques, et regroupant principalement une "espèce" de monstre : les vampires, les morts vivants, les changeurs de formes, les démons , et pour finir les sorciers et magiciens. Au milieu se trouve l'ile de Dis, autrement dit Hadès, créateur de la ville, et l’être le plus puissant du coin. Sa plus grosse responsabilité étant de maintenir l'ersatz de soleil qui assure un éclairage permanent et crépusculaire.

Dans le premier volume, Matt doit venir en aide a une demie-vampire, gardienne de la collection privée d’artefacts de son père (Le Seigneur Sombre (Dark Lord) des vampires, accessoirement). Un objet mystique y a en effet disparu. L’enquête de Matt le conduira sur la piste d’une drogue nouvelle, capable d’affecter même les vampires, et lui fera visiter les lieux les plus secrets et les plus importants de la ville.

Dans le livre suivant, Dead Streets, Matt est décapité, puis accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Ce qui va le conduire d’abord dans la prison de Nekropolis, ou il croisera d’anciens ennemis.

- What do you call a zombie in jail ?
- I dont know, Rondo. What?
Thick lips pulled back from large yellowed teeth as he smiled.
- My bitch
He raised those giant hands of his and started toward me.

Enfin, dans le troisième volume (à ce jour) Dark War, après un passage d’un intérêt moyen dans une dimension parallèle, Matt doit intervenir pour que les conflits larvés entre seigneurs sombres ne se transforment pas en guerre civile dévastatrice.

On a affaire ici a un mélange d’Urban Fantasy et de Noir. On est quand même nettement moins dans la caricature du roman policier que dans le Garrett de Glenn Cook. Faut dire que le fait qu'un zombie ne peut pas boire de l'alcool, ça gène un peu pour en faire un privé classique.

La ou par contre l’auteur se lâche, c’est sur l’incroyable ménagerie qui vit dans cette cité des monstres. Entre le tenancier de bordel qui change de genre à volonté (et ses employés valent le détour aussi), Fade, qui disparaît si personne ne la remarque, et s’est donc arrangé pour devenir journaliste de tabloïd pour être toujours la ou il y a du monde, Lazlo, le démon chauffeur d’un taxi très spécial, des cyber-vampires, les téléphones cellulaires semi-organique (invention du Docteur Frankenstein, avec une vraie bouche et une vraie oreille) et j'en passe et des meilleurs. La série est toujours a la lisière de sombrer dans le grotesque ridicule, mais l'évite globalement.

N'oublions pas la ville elle même, qui sans avoir d'incarnation (ce n'est pas Sigil), est un fascinant personnage.

( pour rester dans les rapprochements avec le jeu de rôle, J'ai eu a la lecture des remontées de Bloodshadows, le jeu de rôle de West End Games se déroulant dans un mélange noir (année 30) et fantasy (multiples races, guerre divine et en arriére plan, monde sauvage ou on ne vas presque pas))

En tant que fan des mélanges Noir-(Urban) Fantasy j'ai bien aimé cette série : ce n'est pas de la grande littérature, mais c'est divertissant, les intrigues se tiennent a peu prés, et l'univers est original et distrayant.

vendredi 31 mai 2013

Jack Vance est mort

Cela devait forcément venir un jour proche, vu une date de naissance en 1916, mais cela fait quand même un  choc : Jack Vance est mort ce dimanche 26.
La photo iconique de Jack Vance, voyageur par l'esprit et sur la mer

Jack Vance, ce fut d'abord pour moi l'auteur du cycle de Tschai, série de référence sur la découverte et la survie d'un individu plongé dans des sociétés non humaines, et notamment du Chash (le premier de la tétralogie, donc forcément mémorable), et le Dirdir (de l'aventure pure, mais aussi de grands moments de "sociologie" non-humaine) (ces deux la ne sont plus disponibles en neuf en france !?).
Les magnifiques couvertures de Caza m'ont aussi beaucoup vendu le cycle..

Puis, aussi,  Lyonesse, grande trilogie de fantasy, pleines de voyages, de magiciens retors, de paysages anciens et de légendes vivant dans le présent, de grands complots et de petite intrigues, et aussi peut-être la plus exemplaire collection de héros et antagonistes vanciens qui soit.

 J'aime aussi beaucoup un roman sans doute mineur, mais qui reprends des thèmes que j'ai toujours apprécié (nouveau départ d'une société, dans un contexte marin en apparence idyllique) :  Un monde d'azur.
(on pourrait aussi parler du sulfureux Méchant garçon, et a part celui la, je connais très peu les oeuvres non sf/fantasy de Vance). Et puis aussi Les princes Démons, Alastor et Marune et.. , bref, la liste est longue.

Vance, c'est  un auteur imaginatif, capable de poésie et de contemplation (notamment une bonne partie des passages de Suldrun dans le premier tome de Lyonesse), mais aussi d'aventures avec un grand A. De la vraie aventure, taillé au  plus prés d'individus relativement normaux, sans jamais succomber a des délires épiques. Le héros est rarement un surhomme, au plus est il un peu entraîné ( Adam Reith) ou chanceux  et rapide à la fuite (Cugel).
C'est surtout un merveilleux conteur d'histoires,  et un inventeur hors pair de mondes exotiques et de coutumes étrange, avec un vocabulaire précis et recherché ( il m'a appris indenture, notamment).
Et puis, c'est un auteur (relativement) moderne : je suis en train de me faire une overdose de Fulgur  actuellement, et je sature un peu sur le sexisme de Smith (et son idéologie du Surhomme), choses qu'il ne me semble pas avoir vu chez Vance (certes il est un tout petit peu postérieur).

Après, sur la masse de livres qu'il a écrit, on retrouve des effets de styles, des répétitions de personnages, de situations, d'intrigues. Les antagonistes, les relations amoureuses du héros sont souvent un peu semblables, par exemple. Mais c'est sans aucun doute aussi une conséquence obligatoire de la productivité littéraire : c'est d'ailleurs je pense l'auteur dont j'ai le plus de livres (au moins 49), ce qui doit bien constituer 90% de ce qui a été traduit - je ne crois pas l'avoir jamais lu en anglais. Et puis, si on évite d'en lire dix à la suite, on ne s'en rend pas vraiment compte :)
On pourrait aussi lui reprocher d'avoir inspiré - malgré lui - la magie vancienne (ah mon dieu, TVTropes, adieu ma matinée) de D&D, que j'ai toujours trouvé déplaisante  - tu apprends tes sorts le matin, c'est figé pour la journée : certains appellent cela : incitation à penser stratégiquement, je vois plutôt cela comme une obligation de penser stratégie de combat  - par rapport a des systèmes plus libres. Mais il n'y est pour rien au final si Gygax l'adorait, au point de nommer un grand antagoniste.. Vecna (je n'avais jamais fait le rapprochement avant de lire la page sur TVTropes).

Au final, un grand auteur nous a quitté, l'un de mes préférés au final, même si cela fait longtemps (à part l'anedoctique Méchante fille, sur ce blog critiqué) que je n'ai ouvert un de ses livres..  On pourra toujours se consoler en se disant qu'il avait fini son oeuvre depuis déjà une dizaine d'année, et que celle-ci, fort complète, ne nous laisse pas un goût d'inachevé, mais quand même..
J'ai bien envie de me relire Tschai du coup. Et puis Lyonnesse ( surtout que j'ai jamais pris le temps de lire l'édition révisée de Madouc..)

jeudi 16 mai 2013

Manhattan a l'envers, par Peter F.Hamilton



Ce livre contient 7 nouvelles, pas loin de la novella pour certaines :
- En regardant pousser les arbres : une enquête s'étendant sur plusieurs siècles, dans une uchronie basé sur une évolution de ',empire romain par le croisement des gladiateurs. Et en même temps, on suit une évolution technique grandissante. Intéressant, notamment pour la découverte progressive et entre les lignes (pas d'info dumps) de la société du narrateur.
- Un électorat en marche : dans une Angleterre en crise et sans avenir, si on a le choix de tout recommencer sur un autre monde, certes avec des règles parfois contraignantes, qui peut décider de rester a se battre, plutôt que de partir vers l'espoir ?
- Si du premier coup : une histoire de voyages temporels. Inracontable sans trop en dire, mais plutôt réussi.
- Le chaton éternel : une histoire courte, ou la chute horrifiante arrive comme un coup de tonnerre soudain dans un ciel bleu.
- Le piège à démon : c'est une enquête de Paula Myo, cette transfuge d'une société qui l'a con¸u et programmé pour être une excellente policière (Elle ne peut transiger avec le crime, en aucune façon : pas d’arrangement, pas d'abandon, etc..) Elle se passe avant les événements de Pandore. Les thèmes sont ceux de la mémoire, de l'individu(-alité). Pas vraiment convaincant, le coté mémoire ayant déjà été abordé dans Pandore.
- Manhattan à l'envers : nouvelle histoire de Paula Myo, situé après Pandore : sur une planète récemment ouverte a la civilisation, des animaux jusque la inoffensifs s'en prennent maintenant à l'homme. Paula doit trouver pourquoi. De la SF classique "mystère à résoudre sur une planète inconnue", mais qui ne m'a pas trop accroché.
- Béni par un ange : cet histoire se passant avant la trilogie du Vide raconte de façon indirecte la genèse d'un des personnages principaux : intéressant en tant que préface, nettement moins en tant qu'histoire indépendante.

Au final, une impression mitigée. De toute façon, en regardant les origines de ces nouvelles, on constate que c'est une anthologie faites de textes parus sur une dizaine d'année a droite a gauche, il n'y a donc pas vraiment de cohérence. Au final, quelques réussites, notamment le chaton éternel, des textes qui laissent sur le faim (on aimerait en savoir plus sur ce dérivé d'empire romain), et des histoires moyennes, notamment celle de Paula Myo. Après, si on est fan du personnage...

mercredi 15 mai 2013

Acacia, la trilogie, par David Anthony Durham


Acacia: The War with the Mein
Leodan, roi d'Acacia règne de son île sur le monde connu, tous les autres états lui étant inféodes.
La création de cet empire est maintenant perdu dans les légendes. Et seul le souverain et ses plus proche conseillers savent la corruption sur laquelle l'empire se maintient, basé sur le sombre marché passé avec la Ligue, les seuls a commercer avec les terres inconnues de l autre côté de l océan.
Mais tout cela, les quatre enfants du roi ne le savent pas, comme ils ignorent que du nord va déferler la vengeance d un peuple à la mémoire longue, on pourrait même dire vivante..
Ce résume est un peu succinct, mais en dire plus serait trop en révéler. En effet, cette trilogie raconte une vingtaine d'année, plus exactement, le premier volume décrit deux périodes de quelque mois chacune séparées par 9 ans, les deux autres volumes se passent neuf ans après, sur une période d'une douzaine de mois, il me semble ( comme d'habitude, livres finis il y a un mois, pas pris de notes, etc..)
C'est donc assez dense. C'est aussi un roman ou, comme dans le Trône de fer notamment, on suit plusieurs personnages, a raison d'un par chapitre. Le premier livre contient 71 chapitres, pour 770 pages, et je pense qu'il doit y avoir une douzaine de personnages (comme d'habitude : lives lus il y a quelques semaines, pas de prise de notes..), chaque chapitre "appartenant" donc à un personnage parmi une douzaine. Cette densité a fait que lorsque j'ai lu le 1er volume il y a quelques années, je l'ai ressenti comme "Le Trône de Fer, mais en un seul volume" (La Guerre du Mein se lit en effet très bien de façon isolé), ce qui est un sacré tour de force (serait ce un hasard que George RR Martin soit l'auteur de citations élogieuses sur ces livres ?). Les deux volumes suivants m'ont semblé un peu moins "compacts", et à ce titre, un peu moins bon : après aussi, ma lecture initiale était en anglais, langue concise, alors que ma relecture du premier et lecture des deux suivants se fit en français.
Au delà de la structure, le parallèle avec le trône de fer se fait aussi sur les thèmes : politiques, intrigues, et conflits. La fratrie Akaran n'est pas non plus très éloigné de la fratrie Stark à la base, sans en être une pâle copie.

Lors de ma relecture-lecture, j'ai choisi la version française pour voir si la réflexion sur l'un des éléments qui m'avait vendu le livre en 2007 était plus facile à percevoir. En effet, je l'avais découvert
par ce billet  http://theangryblackwoman.com/2007/08/24/acacia-by-david-anthony-durham/ , l'auteur est afro-américain, ce qui est assez rare en fantasy, et cela serait perceptible dans son oeuvre.
Alors, effectivement, si on essaye de creuser cet angle spécifique, la place conséquente de l'esclavage (et d'une forme de commerce triangulaire) et de la drogue (utilisé comme moyen de contrôle de la population) a forcément une résonance particulière pour un noir américain. On pourrait aussi verser au dossier le fait que les méchants initiaux sont très pales de peau, obsédés par leurs ancêtres (donc la race et la filiation), mais cela me parait déjà plus hasardeux.
Par contre, le côté très cosmopolite du monde, clairement revendiqué par Durham (voir ici : http://www.salon.com/2011/11/09/if_tolkien_were_black/ ), change de façon conséquente de l'uniformité courante en fantasy, chez les humains tout au moins.
Au final, si je me garderai bien d'essayer de trop analyser le livre et son auteur, c'est prenant, original et bien écrit. J'ai préféré le premier volume au deux autres, parce que j'ai vraiment été bluffé par la richesse (en terme d'intrigues et d'histoires) de celui-ci, mais la trilogie est de très bonne qualité.

samedi 11 mai 2013

The Apocalypse Codex, par Charlie Stross



Se remettant lentement de ses blessure physiques et mentales subies lors de The Fuller Memorandum, et en reconnaissance de l’héroïsme qu'il a montré (et surtout, parce que Case Nightmare Green (l'apocalypse d'inspiration Lovecraftienne) approche, et qu'il faut former les troupes), Bob Howard est entraîné pour devenir
un manager à La Laundry, cette agence secrète britannique spécialisé dans la lutte contre les menaces paranormales. Pour parfaire sa formation, il est placé au département des Ressources Externes, un département spécial qui utilise des agents freelance pour gérer les situations susceptible d’embarrasser la Reine et le Pays. Et pour sa première mission, il est chargé d'enquêter sur un télévangéliste américain un peu trop proche du Premier Ministre.
Quatrième volume des aventures de Bob Howard, j'y ai retrouvé le cocktail habituel d'espionnage, de nerderie, et de de Lovecrafterie, mais avec des ingrédients différents. La série se renouvelle (ou s'égare ?) en envoyant Bob loin de ses compagnons et lieux habituels. Si on croise un peu l'entourage habituel, la plupart du livre se déroule en Amérique, ou Bob doit gérer deux agents très spéciaux.
J'ai eu d'ailleurs un peu de mal avec ces deux agents, qui donne un ton .. différent : l'introduction est une scéne sorti d'un livre de Tom Clancy, et ces deux agents sont des super espions typiques du technothriller, sauf qu'en plus, ils font de la magie.
On est assez loin de Bob Howard, geek certes avec des ressources surprenantes, mais geek d'abord. Cependant, l'introduction de ces nouveaux personnages, avec leurs scènes à la troisième personne, permet aussi de montrer d'autres aspects que Bob ne pourrait pas logiquement nous raconter.
Au final, au fur et à mesure que l'intrigue avance et que Bob devient de plus en plus impliqué dans l'action, on retrouve davantage l'ambiance habituelle, mélange d'horreur, d'humour subtil et anglais, soutenue par une histoire parsemée de révélations.
On en apprends plus sur le Cercle Noir, le pendant américain de la Laundry, le méchant de l'histoire est basé sur les pires excès des mouvements évangélistes (et notamment les quiverfulls, ceux qui considèrent qu'il faut faire le plus d'enfant possible pour qu'ils soient les flèches du carquois du seigneur), et cela se termine sur une scéne d'action dans une autre dimension pleine de zombies et de nonnes avec mitraillettes (mais qui sont les gentils a votre avis ?), et des perspectives intrigantes pour le volume suivant.
Bref, j'en redemande, surtout qu'il semblerait que l'auteur ait prévu de nous montrer Case Nightmare Green d'ici un ou deux livres ( sur un total de 9 ou 10 pour cette série).

dimanche 21 avril 2013

Nekropolis, par Maureen F. McHugh



Dans le Maroc du milieu du 22eme siécle, Hariba est une domestique, qui a été "jessed". C'èst a dire que son cerveau a été modifié pour qu'elle soit intrinsèquement loyale à son propriétaire (il s'agit d'indenture volontaire à la Jack Vance, même si la aussi, le coût de racheter son contrat est si important qu'au final on peut parler d'esclavage). Mais quand elle découvre Akhmim, un harni, ou Chimère, être humain bio-construit (avec un statut, dans cette région du monde, de non-humain), elle se retrouve à vouloir.. autre chose.
Je ne sais pas comment ce livre s'est retrouvé dans ma liste de lecture. Je l'ai commencé sans rien savoir, pour tout dire, je m'attendais a des zombies.
Je fus fort désappointé. En effet, le titre fait référence au fait qu'une partie de la population (la plus pauvre) vit dans une ancienne cité mortuaire, depuis longtemps livrée aux vivants.
Cependant, j'ai accroché au style, subtil et plein de mélancolie, et à la structure narrative. On a droit a plusieurs narrateurs, mais qui ne s'entrecroisent pas. Hariba commence à raconter pour trois ou quatre chapitres, puis le flambeau est repris par Akhmin, qui raconte la suite de l'histoire. Au final, il y a 4 narrateurs différents, Hariba revenant en fin de roman. Cela change des narrations passant d'un personnage a un autre en un cycle ininterrompu, si courantes maintenant.
Au bout de cent pages, je me suis souvenu de la Servante Ecarlate : Nekropolis en serait il "une version musulmane" ?
En effet, comme dans le livre d'Atwood, le récit est celui d'une femme oppressée par la sociétés et la religion.
Mais ce n'est pas si semblable principalement par le fait que la Servante se déroule peu de temps après l'arrivée au pouvoir des forces d'oppressions. Dans le livre de McHugh, les forces oppressives sont installées depuis bien plus longtemps.
Du coup, alors que - de mémoire - Atwood nous raconte une rébellion plutôt franche (même si étouffée), et une oppression brutale, ici celle-ci est par contre totalement internalisée par les individus qui la subissent.
Quand Hariba a peur parce qu’elle est dans un café avec un homme, il n'y aucune révolte de sa part (et aucune pression visible exercée), c'est un état de fait, c'est ainsi pour les femmes.
Le parallèle de cette soumission "acquise" est la soumission innée d'Akhmin, une création artificielle, conçu pour obéir.
C'est quelque part encore plus troublant : le lecteur est plus affecté que le personnage, sans que l'auteur ait besoin d'insister, on n'a pas affaire ici a un pamphlet.
D'autres exemples de cette acceptation implicite de l'oppression se retrouvent en contraste dans le discours intérieur de la mère de Hariba à propos du veuvage :
"J'ai toujours eu un plaisir secret à être veuve[..] cela m'a permis d'être un homme quand je le voulais".
"Zehra et Driss avait un bon mariage je pense, mais maintenant qu'il est parti, Zerha est devenue elle même. Elle est différente sans lui, plus comme je me souvenais d'elle quand elle était une jeune fille audacieuse. Elle s'est redonnée la part d'elle qu'elle avait abandonnée en se mariant"
(comme d'habitude : textes traduits a la volée par moi même, ne sont pas représentatifs de la qualité d'écriture du livre)
La libération ne peut se produire que par des phénomènes indépendant de la victime, alors même que celle-ci est capable pourtant d'en reconnaître les avantages.
Ainsi donc, ici, personne ne se révolte contre la société, au pire, on s'enfuit sans trop savoir ce que l'on fait, ni ce que l'on veut.
Même si mon résumé pousse à le croire, ce n'est pas vraiment une histoire d'amour, en tout les cas pas quelque chose de romantique. Hariba et Akhmin ne cherchent pas tant un amour romantique, que d'avoir un compagnon, de ne pas être seul.
La part de science-fiction "pure" est assez faible, jusqu'au moment ou on a une vision d'une Europe (et notamment Espagne) riche, et accueillante pour les gens en recherche d'asile. Cela pourrait être très sarcastique, mais le livre étant écrit en 2001 par une américaine, on va dire que c'est de l'anticipation optimiste : va savoir ce qui peut arriver d'ici un siècle et demi...
En conclusion, une très bonne surprise : un récit attachant, servie par un style subtil.

jeudi 18 avril 2013

Red Country, par Joe Abercrombie




Dans des contrées au delà des frontières de la civilisation, mais en plein ruée vers l'or, Shy et son "père de substitution" Lamb (c'est à dire Agneau, et ce nom aura de l'importance) rentrent a leur ferme aprés avoir vendu leur récolte de blé.
Ils la découvrent incendiée, un ami pendu et criblé de flèches, et ses deux jeunes frère et soeur disparus, enlevés par la troupe responsable de ces méfaits.
Le seul but devient alors de retrouver les deux enfants, dans ces terres de liberté et de danger.
Le thème est western - fantasy. C'est assez original,et plutôt intéressant. J'ai eu un peu de mal au départ, notamment avec le style des dialogues, puis très vite j'ai accroché a cette histoire sombre.
Abercrombie, avec sa trilogie First Law (d'ailleurs ce roman se passe dans le même monde, on y retrouve quelques personnages, mais est indépendant), nous a habitué a des livres de fantasy violents et cyniques, ou personne n'est totalement gentil, personne n'est parfait, les méchants sont aussi bien définis que les supposés héros (et la nuance entre les deux est parfois faible..), et le pire peut toujours arriver.
‘You fought in the wars? Up in the North?’
‘In wars, in skirmishes, in duels, in anything offered, and when I ran out of fights I made my own, and when I ran out of enemies I turned my friends into more.’
Et il continue ainsi dans Red Country, dans un subtil mélange de fantasy ( barbares du Nord, combat a l'épée, Inquisition) et de western ( "indiens", villes champignons, plaines immenses, convois de chariots ..) avec une galerie de personnages haut en couleur :
- Shy, une jeune femme qui a déjà beaucoup vécu, avec sa part de sang sur les mains
- Lamb, un colosse âgé, qui tente de fuir son passé
- Temple, qui est le premier a se décrire comme veule, lâche et pusillanime
- Dab Sweet, sorte de Davy Crockett vieillissant, dépassé par sa Légende
- le capitaine de mercenaire Cosca, grandiloquent et amoral, dont les meilleures heures sont (loin) derrière lui.
- Waerdinur, du Peuple Dragon, qui veut libérer son pays des envahisseurs colons.
Et je n'ai évoqué que les principaux personnages, il y a beaucoup de seconds rôles savoureux, qui n'auraient besoin que d'un peu plus de pages pour être promu au au premier plan, tellement chaque individu est bien défini.
Cet ensemble étant servi par une écriture nerveuse et rapide, des scènes d'actions impitoyables, et un parfait équilibre entre humour (un peu, ce n'est pas du Pratchett, hein, on n'est pas la pour rire) et situations sombres, pour ne pas désespérées, et donc un mélange fantasy-western qui est une réussite.
Bref, ce fut une très bonne surprise. J'avais, de mémoire, bien aimé First Law, mais celui-ci est peut-être un poil moins dur, et c'est tant mieux.

mardi 16 avril 2013

The Fuller Memorandum, par Charlie Stross



"Comme la plupart des citoyens britanniques normaux, j'étais un athée classique [..]Je voudrais pouvoir revenir aux certitudes confortables de l’athéisme, c'est bien moins déplaisant que la Seule Vraie Religion [..] Parce que la vérité est que mon Dieu va revenir. Lorsqu'il arrivera, je l'attendrai avec un fusil a pompe. Et je garderai la dernière cartouche pour moi même."
C'est ainsi que commence The Fuller Memorandum, nous annonçant ainsi un livre plus sombre que les deux précédents des aventures de Bob Howard.
L'intrigue commence avec le narrateur accomplissant ses tâches administratives dans le cadre de son travail a la Laundry (organisme britannique super secret luttant contre les menaces occultes sur l'Angleterre, et souvent par extension, l'humanité). Ceci faisant, il découvre qu'un document particulier sur une entité occulte surpuissante est manquant, au même moment ou son supérieur immédiat (et a la longévité suspecte) disparait (aurait il trahi ?), et que l'on apprend que CASE NIGHTMARE GREEN devrait se produire plus tôt que prévu. (CASE NIGHTMARE GREEN étant le nom de code pour "Fin du monde quand les entités extra-dimensionnelles lovecraftiennes découvrent l'humanité"). S'en suit une enquête périlleuse, incluant une visite aux Archives avec leurs gardiens pas tout a fait normaux, une satire directe mais efficace de l'Iphone et de ses fans, des aspects du Londres sous-terrains pour le moins insolites, voir même macabres (mais réels), un violon très dangereux ne devant jamais être a plus de 3m de son porteur, et un final sur une scène d'action mêlant cultismes, forces spéciales russes et différentes entités surnaturelles.
La structure du roman change un petit peu, par rapport aux précédents : si la majeure partie est racontée comme d'habitude, par Bob à la première personne, des portions sont racontés à la troisième personne pour nous montrer des scènes ou Bob n'était pas présent.
Sinon, on retrouve le même humour de nerd, le même humour anglais, et le même humour tout court, le tout peut-être un plus fin qu'avant. Ce livre donne clairement l'impression que l'auteur maîtrise de mieux en mieux son sujet (ce qui explique sans doute aussi pourquoi c'est le dernier de la série dont le style s'inspire d'un auteur d'espionnage "classique").
Pour ma part, au final, j'aime beaucoup les différents concepts qui se mélangent dans cette série : horreurs lovecraftiennes, espionnage, gouvernement au courant des dangers occultes (avec tout un tas de plans de contingences et de nom de codes), références nerd et geek, toujours avec humour, mais aussi un côté un peu plus sombre.
Avec une mention spéciale pour la façon dont l'auteur laisse entrevoir des pans de l'univers, en lâchant au détour d'un paragraphe quelque chose du genre "Notre liaison avec les Deep Ones est silencieuse pour l'instant, il ne s'agit donc pas d'une menace DARK SEA".
(Je découvre avec effarement qu'il n'y a pas eu de traduction française de ce livre, quelle honte)

mardi 9 avril 2013

Among Thieves, par Douglas Hulick



Drothe est un Nose, l'un des multiples métiers affiliés au Kin (traductions : Semblables ?), c'est a dire le côté sombre (criminel) de la société de l'Empire. Son rôle est de maîtriser l'information : séparer le bon grain de l'ivraie dans les rumeurs, voir ce qui se cache au delà, éventuellement contrôler leur dissémination en privilégiant la diffusion de certaines et en stoppant d'autres avant qu'elles ne puissent faire de dommages. son boss, Nicodemus, est un peu sanguin, mais en général, cela se passe bien. En a-coté, il se livre aussi au trafic de relique impériale. Et c'est justement en punissant un de ses fournisseurs par lequel il a été doublé qu'il s'engage dans un engrenage de conspirations et d'intrigues.
Ce roman est en plein dans la sword&sorcery, et l'auteur ne se prive pas de description précise de duel. Le héros, qui nous raconte ses aventures, est rusé, mais sans avoir la brillance d'un Locke Lamorra. Il est motivé par son sens de l'honneur et de la loyauté, comme tout bon héros criminel, pour que le lecteur puisse s'attacher à lui.
L' univers est dévoilé petit à petit, avec des éléments originaux, par exemple un Empereur immortel, en fait composé de trois incarnations qui règnent en succession. On sent que l'auteur en a beaucoup sous le coude, et que l'on ne voit que la face cachée de l'iceberg. Idem pour le passé de Drothe : les grandes lignes nous sont révélées, mais l'auteur ne s'appesantit pas. Il préfère se consacrer au présent, et nous faire cheminer d'intrigues en manipulations, d'enquêtes en mystères, le tout matinés de poursuites, duels, et fuites.
J'ai beaucoup aimé ce roman. La comparaison avec Lamorra est évidente, et même si l'écriture et l'histoire me semblent moins maîtrisées que chez Scott Lynch, la narration à la première personne est plaisante, l'intrigue prenante, et le rythme maintenu jusqu'à la fin.

lundi 8 avril 2013

La trilogie du Vide, par Peter Hamilton



Un millénaire après les événements de l'étoile de Pandore, l'humanité a continué à évoluer et à s'étendre dans l'univers. Certains dynasties ont quittés la galaxie originelle et coupés tout contact, une partie de l'humanité continue à vivre à peu près normalement (si on excepte l'immortalité, rajeunissement et corps multiples), une autre partie vit dans une économie d'abondance en attendant de passer au stade suivant : le téléchargement de la conscience dans un réseau neuronal avance, en attendant la transcendance post physique complète.
Des rêves d'une autre civilisation, médiévale, semblant venir d'une zone appelé le Vide, impénétrable même pour les espèces les plus avancées de ce coin de l'univers, sont partagés par tout les humains connectes au réseau Gaia, sorte d'empathie partagée. Une religion s'est organisé autour de ces visions, et son nouveau chef, après la disparition du prophète créateur, veut lancer un grand pèlerinage vers la source des rêves, ce qui inquiète une grande partie de la galaxie, qui craint une expansion dévastatrice du Vide.
Pour les quatre cinquième de la trilogie, l'histoire alterne entre les récits dans l'univers du Commonwealth, intrigues entre différentes factions de l'humanité évoluée, menace d'intervention extra-terrestre, et retour d'individus de la trilogie précédente, et entre des récits digne de fantasy, racontant une histoire à la base classique du jeune orphelin sorti de sa campagne pour devenir le roi du coin (bien qu'il n'y ait pas de magicien, de groupes d'aventuriers, ou de Seigneur du Mal, on est plus dans la fantasy urbaine), et c'est plutôt prenant en tant qu'histoire indépendante. La source réelle de l'intérêt de l'univers futuriste pour cette épopée n'est révélée au lecteur qu'en toute fin du deuxième volume. Ce qui est un tour d'écriture que j'apprécie peu, puisque tous les personnages sont eux au courant. Mais bon, laissons à l'auteur le droit de garder son lecteur dans l'ignorance.

Le tiers donc de l'œuvre est de la fantasy, le reste étant donc le mélange d'enquête, d'investigation, de tranche de vie du futur et de Space opéra épique propre à Hamilton. On retrouve une demie-douzaine des personnages de Pandore, et toute une galerie de nouveaux individus et entités. Le mélange des deux histoires est... particulier mais pas inintéressant. D'ailleurs, quelque part, l'intersection entre l'invasion du Commonwealth par les Primiens et le voyage-quête d'Ozzie tenait déjà de cette structure, bien que l'écart de genre est ici beaucoup plus important.
Au final, j'ai trouvé cela un peu moins convaincant que Pandore, mais cela reste de qualité, et "hamiltonien".

samedi 6 avril 2013

In the Company of Ogres, par A. Lee Martinez



Jamais-Mort Ned ( la traduction perd l'allitération de l'anglais Never Dead Ned) peut mourir, mais il est systématiquement ramené à la vie, sans qu'on lui dise pourquoi. Il était content d'être comptable d'une grande compagnie de mercenaire ( même si le chef de service griffon mange les coupables d'erreur), quand il est transféré commandant de la compagnie des ogres, composée ... d'ogres, de gobelins, d'orcs et humains, d'une sirène, d'un ent (ah non, ils n'ont plus le droit de s'appeler ainsi, il faut dire homme arbre), d'une Amazone, et de quelques autres cas étranges. Mais les choses s'accélèrent, et son destin se dévoile..
J'aurais du me méfier quand j'ai vu qu'une critique faisait référence à Piers Anthony, plutôt qu'à Pratchett : on n'est pas dans la même catégorie de fantasy humoristique. Le principal souci est que le héros n'est pas plaisant : lâche, geignard, pas vraiment intelligent. S'il finit par faire les bons choix, c'est au bout de long atermoiement et tergiversions. Le reste des personnages est plutôt en carton pâte , ce qui n'est pas vraiment un souci pour ce sous-genre la, mais associé avec une exécution pas vraiment compétente, et une intrigue non convaincante, j'ai commencé à vouloir décroché au tiers du bouquin. Et la suite ainsi que le dénouement n'arrange rien.
Au final, il y a des bons passages, quelques moments drôles, mais trop peu pour compenser les longueurs et faiblesses du livre.

samedi 30 mars 2013

L'étoile de Pandore, par Peter F. Hamilton



J'ai voulu commencer la trilogie du vide, ce ce même auteur, et il y avait suffisamment de référence à Pandore pour que je cela me fasse un prétexte de relire cette duologie ( en anglais), même si c'était sans doute non nécessaire.

Cette courte série (pas en nombre de pages) se déroule donc au milieu du troisième millénaire . La technologie des portails, qui permet un déplacement instantané entre deux points, a permis la création de gares interstellaires permettant à l'humanité de s'établir sur des dizaines de planètes, rencontrant quelques races extraterrestres et mystères cosmiques, et procurant une richesse incommensurable à une poignées de grandes familles. Cependant, on n'est pas dans du cyberpunk, et le reste de l'humanité ne va pas trop mal, en travaillant sur plusieurs décennies, tout le monde peut se payer une régénération et repartir à 20 ans, et une mort accidentelle du moment qu'on a pas oublié de tenir à jour sa sauvegarde d'implant mémoriel. Cependant, quand un astronome de seconde zone découvre que deux étoiles se sont retrouvés en quelques instants encercles dans un champs de forme gigantesque(de la taille d'un système solaire), la civilisation toute puissante du Commonwealth se retrouve face à une inconnue, que des terroristes illuminés affirment être l'étape finale du plan d'une entité extraterrestre pour asservir l'humanité.

Peter Hamilton fait du new Space opéra, des récits d'aventures galactiques mâtinés de hard science et de transhumanisme (bien que ce dernier point soit plus un décor de fond qu'un élément majeur de l'intrigue). Personnellement, j'aime beaucoup, et je pense qu'une bonne partie de mon attrait et de mon plaisir de lecteur tient pas mal à mes souvenirs des fulgurs(Lensman en anglais) d'E.E. "Doc" Smith, quand j'étais adolescent : j 'y retrouve les mêmes décors grandiose, enjeux majeurs, et énigmes cosmiques, mais avec des éléments de sciences, cultures, et de sociétés plus "réalistes" et plus proches de nos conceptions actuelles que les œuvres de Smith ou Hamilton (Edmond) des années 40 (et nettement moins manichéen et basé sur un surhomme : je te regarde Kimball Kinninson).
Sorti de ce thème, c'est un roman à la Hamilton : dense, pleins de personnages et de situations, qui finissent par donner un tout a peu prés cohérent : la longue séance de sport aérien du premier volume trouve son miroir dans le dernier volume, ou c'est l'un des points d'orgue d'une longue poursuite qui occupe au final tout le livre. Mark Vernon, peut-être le personnage le plus normal de la série (ni super-riche, ni modelé par une société pratiquant un certain eugénisme comportemental, ni terroriste multi-centenaire..) dont on a un peu de mal a voir l’intérêt de ses passages finira par jouer un rôle important en tant que témoin, puis acteur.
Cependant, le long voyage (la Quête ?) d'Ozzie a travers des chemins mystiques et des paysages improbables jure un peu trop à mon goût avec le reste des livres. Le roadtrip jure un peu comparé aux enquêtes sur des conspirations plus que millénaires, guerres galactiques, et extraterrestres drogués aux sentiments humains qui occupent le reste des livres.

Au final, c'est une grande saga, pleine de mystères et de fracas, avec la côté toujours appréciable que tout (ou presque)se résoudra et sera expliqué. Bref, tout ce que j'aime chez Hamilton.

dimanche 10 mars 2013

Wonderland Avenue, par Michal Connelly



Un os appartenant a un enfant est retrouvé par un chien sur une colline. Le reste du corps est vite retrouvé, et si le squelette est ancien (deux décennies), il porte des traces de maltraitance. Harry Bosch mène l'enquête, en commençant par le voisinage, et notamment un individu avec un casier judiciaire chargé.

Quand le coupable se livre a la police au deux tiers du livre, on se dit qu'il y a anguille sous roche (C'est d'ailleurs l'avantage des liseuses sur les livres papiers, la progression est moins visible..), et effectivement, comme dans la plupart des romans de Connelly, le rebondissement arrive. Cependant, ce n'est pas forcément parce que c'est classique que c'est mal écrit. Et pendant, l'enquête, la vie continue, notamment celle du héros, toujours en proie a ses doutes, son passé..

Comme toujours, c'est efficace, prenant, et surprenant

dimanche 10 février 2013

Comment j'ai révolutionné ma façon de lire le web..

En attendant que j'ai le courage de rattraper mon retard de critiques de lectures, voici un petit topo sur une pratique de lecture :  le web, et notamment les articles long (ou "longform" pour faire "post-national elite").

La lecture d'articles un peu ardus sur un site web est généralement peu pratique : mise en page généralement pas étudiée pour une lecture poussée, difficulté de lire un long article à l'instant précis ou on le découvre (genre, au boulot), etc..

Je me suis mis depuis peu a Pocket (anciennement Read it later, il existe des concurrents comme Instapaper, etc..), qui n'est pas une nouveauté, mais je n'avais pas pris le temps de m'y pencher. Quel tort de ma part !

Ce site (utilisable très facilement par une extension dans votre navigateur) transforme n'importe quelle page web pour la rendre éminemment lisible. Par exemple, ceci :


devient une fois passé par Pocket :

Au final, Pocket enlève tout ce qui n'est pas article (publicité, colonnes inutiles, entêtes du site), mets des couleurs propices à la lecture, et dans le cas des articles multi-pages (plaie du lecteur sur le Web), les restitue en une seule.Et tout ceci, sans erreur dans ma (courte) expérience (MAJ : avec un peu plus d’expérience, dans de rares cas, il enlève un peu trop d'images)

Au quotidien, quand je vois un article dépassant mes capacités de lecture a l'instant T, je n'ai qu'a cliquer sur le bouton Pocket dans mon navigateur, et la page optimisée pour la lecture sera sauvée sur mon compte Pocket (et donc, du coup, accessible pour l’éternité).

Je pourrais sans doute les lire sur le site de Pocket, mais je préfère lancer l'application ad hoc sur la tablette ou le smartphone, qui télécharge mes derniers ajouts pour pouvoir y accéder sans connexion internet.
Et j'ai découvert a ma grande surprise que l'article ainsi optimisé est beaucoup plus lisible sur un petit écran de smartphone (avec scrolling au doigt) que la version standard sur un grand écran d'ordinateur.

En quelques semaines, cela a révolutionné ma pratique de lecture du web :
- je lis quand j'ai vraiment le temps et la concentration requise
- je les lis sous une forme vraiment plus efficace.
- je peux stocker des articles a lire plus tard, sans souci d'oubli et de pertes. ( MAJ : enfin... à priori : il semblerai que c'est la version Premium, payant de Pocket qui conserve une copie de l'article même s'il n'est plus en ligne.. en pratique cependant, je n'ai pas vu d'articles disparaitre)

J'en suis tellement devenu accro que je vais peut-être changer ma liseuse toute neuve pour une qui s'intégrera plus facilement avec Pocket, comme dans ce type de processus. MAJ : le processus décrit dans le lien n'est pas terrible, en fait.  En totu cas, la restituation dans le Kindle m'a semblé moins pratique que sur le smartphone. J'envisage du coup l'achat d'une liseuse Kobo, qui aurait une application Pocket en standard..

Vraiment, si vous êtes un lecteur de textes sérieux sur le net, c'est à essayer...

samedi 26 janvier 2013

Le verdict du plomb par Michael Connelly




Mickey Haller sort d'une période difficile, consécutivement à la blessure par balle subie lors du dernier procès ou il fût avocat (cf La Défense Lincoln). Aprés un an de convalescence plus ou moins sereine, suite a l'assassinat d'un ami avocat (enfin, une connaissance), il hérite du cabinet, et donc des dossiers en cours de celui-ci. La plus grosse affaire étant l'accusation pesant sur un gros producteur d'Hollywood d'avoir assassiné sa femme et l'amant allemand (on notera l'allitération) de celle-ci. Mais quand on marche dans les traces d'un assassiné, on peut s'attendre à être le prochain, même si le motif du meurtre est indécelable. Et puis, aussi, il faut penser à défendre son client, qui clame, comme tous, son innocence..

Deuxième volume des aventures de Haller, qui ce coup-ci va croiser et fréquenter l'inspecteur Bosch, et aussi, de façon plus anecdotique, le journaliste Jack Mc Evoy. Comme toujours, il y a des intrigues à l'intérieur des intrigues, et des retournements jusqu'à la fin.

Par rapport au volume précédent, le rythme, jusqu'au dernier quart, est plus lent. Les scènes de procès (et la technique judiciaire) m'ont semblé plus nombreuses, c'est intéressant, mais pas toujours haletant.

Quant à la rencontre avec Bosch, ce n'est pas un échec narratif, mais pas non plus une grande réussite. On peut aussi s'interroger sur les résolutions respectives des différentes intrigues, parfois un peu trop facilement peut-être.

vendredi 18 janvier 2013

Un Homme Sous Influence par David Baldacci



Web London est un membre de l'équipe d'action HRT du FBI. Lors d'une intervention pour démanteler un réseau de trafiquant de drogue, il se fige quelques secondes soudainement, et échappe ainsi à un piège ou tout ses coéquipiers sont massacrés. Comment un membre surentraîné de l'élite de l'élite peut ainsi sans aucune explication être tétanisé ? Aurait il trahi ?

En le lisant, j'ai vite eu l'impression que ce thriller pourrait facilement être un film hollywoodien : comme si l'auteur l'avait écrit en prévoyant d'en vendre le scénario. En effet, tout les éléments y sont : héros charismatiques et imparfaits, conspirations et fausses pistes pour au final une enquête qui suit tranquillement son cours, scénes d'action, surprises réparties sur l'ensemble du livre. C'est donc sans grande originalité, mais cependant écrit de façon très efficace, et très correctement aussi : le rythme est la, la dose de mystère qui donne envie d'en savoir plus aussi. Au final, pas un chef d’œuvre, mais un bon divertissement.

mardi 15 janvier 2013

La Défense Lincoln, par Michael Connelly



Mickey Haller est avocat a Los Angeles. Son bureau, c'est l’arrière de sa Lincoln, par choix. Sa spécialité, c'est la défense de criminels avérés,dealers et autres hells angels, visant le vice de forme ou le doute persistent. Quand un playboy agent immobilier s'adresse à lui pour l'innocenter d'une accusation de d'agression sur une prostituée, il pense avoir gagné le gros lot. Mais il va se retrouver pris au piège..
Il est difficile d'en raconter plus sans trop en révéler. C'est un roman mi enquête, mi procédure judiciaire (et tribunal), comment savent si bien le faire les américains pour cette dernière partie : témoins mis sur le grille, accords entre accusations et défense, etc..
Le tout narré par l'avocat, qui s'annonce revenu de tout :
Pour moi, le droit n'avait rien à voir avec la vérité. Mais tout avec la négociation, l'amélioration et la manipulation. Je ne faisais ni dans la culpabilité ni dans l'innocence, parce que tout le monde était coupable. De quelque chose.
mais qui, heureusement pour nous, ne l'est pas totalement.
Comme d'habitude chez Connelly, l'intrigue se tient bien, et le suspens est haletant

jeudi 10 janvier 2013

New Victoria by Lia Habel




Après un certain nombre de guerres et cataclysmes naturels, une bonne partie de l`humanité s'est regroupé sur le territoire de New Victoria, mélange improbable entre technologie et usages victoriens.
Nora Dearly quitte son école de jeunes filles pour passer ses congés chez sa tante (Elle est orpheline), mais l`horreur et l'amour vont la trouver..

Zombies et steampunk, cela partait plutôt bien. Mais ce steampunk du futur est parfois plutôt improbable, surtout au niveau des moeurs : par exemple, il est important que les jeunes filles se marient, peuvent porter une ombrelle lumineuse pour indiquer qu'elles cherchent un époux, mais la lumière peut être verte si la demoiselle n'est pas intéressée par les hommes. D'autres éléments détonnent ainsi dans l'univers, comme si l'auteur n'avait pas pu tenir une cohérence rigoureuse pour son univers.
C'est cependant assez mineur comme souci. Plus gênant est la surabondance de point de vue : n'est pas Georges RR Martin qui veut (déja que...) : plusieurs personnes racontent à la première personne ce livre, et ce n'est pas toujours très réussi.
Le point le plus original, (parce que pour le côté Steampunk + Zombie, il y a déjà l'excellent Boneshaker, de Cherie Priest), c'est qu'il y a de gentils zombies ! Pas tout a fait a l'abri d'une fringale cannibale, mais normalement capable de conserver, d'utiliser une arme à feu, d'avoir des sentiments, bref, d'être des humains à peu prés normaux.
J'avais une terrible envie de lever les yeux aux ciel, mais on nous déconseillait de le faire. Les muscles qui entouraient les yeux étaient toujours parmi les premiers à lâcher.
Et ce qui doit arriver arrivera. L’héroïne finira avec...
Au final, l'intrigue est un peu plate, sans trop de surprise, il y a deux trois points assez horrifiques plutôt réussis, mais cela manque un peu de saveur.
Cependant, le livre se termine sur l'ébauche d'une vie en cohabitation des (gentils) zombies et des humains, et je suis curieux de voir ce que cela va donner. Du coup, j'ai rajouté le suivante sur ma liste à lire (position... 257)

jeudi 3 janvier 2013

Les régles d'Or de la Mafia, par Louis Ferrante





Ou comment un mafioso repenti découvre que les principes de survie dans le monde légal sont les mêmes que dans la grande famille du crime.

En de temps moins cyniques ( ou plutôt plus naïfs), on serait éberlué de découvrir que "A ma grande surprise, j'ai vite constaté que ma conception du monde légitime n’était qu une vue de l'esprit. Dans la société légale, j'ai rencontré des types pire que bien des truands, des loups déguisés en agneaux". En fait, de nos jours on s'attendrait plutôt a voir un titre comme "Devenez parrain de la Mafia grâce a vos cours d'HEC".
En 88 leçons de quelques pages, comme "contenir son ambition", "les gars les plus durs ont l'épiderme le plus sensible : ne jamais embarrasser quelqu'un en public" ou "Retroussez vos manches mais gardez votre pantalon" ou "La pègre ne prend pas de note : exercez votre mémoire", l'auteur nous donne donc un certains nombres de règles, répartis entre trois catégories de destinataires : pour les soldats/employés, pour les capos (Cadre intermédiaire) ou pour les patrons/parrains.
Chacune des règles est illustrés d'exemple, soit venant de l'histoire de la mafia, soit de l'antiquité.
Par exemple, dans "Retroussez vos manches mais gardez votre pantalon" 9e pas coucher avec la femme du patron ou d'un collègue), il nous parle de César (Jules) en ces termes "Il baisait la femme, la mère et la soeur de tout un chacun", ce qui ne serait pas pour rien dans sa mort.
Au final, je ne saurai dire si ce sont de bons conseils mais c'est léger, facile à lire, documenté (40 pages de notes, de bibliographie, et d'index).
Et puis, dedans, j'ai appris l'histoire du pape Jean-Paul 1er, qui est mort 33 jours après son intronisation : on parle d'empoisonnement par un cardinal, de dissimulations, de crimes financiers, de complot maçonnique, d'implication de la mafia ou de l'URSS... Bref, les Borgia, mais en 1978

mercredi 2 janvier 2013

Les Larmes d'Aral, par Jérôme Delafosse



En Irlande, Sinead voit ses rêves de famille brisés par l'explosion de sa maison et la mort de son mari. Comme il semble y avoir anguille sous roche, elle utilise ses contacts dans l'IRA pour fuir le pays, emportant son seul indice une fiole contenant des paupières humaines ornées de mystérieux tatouages.
A Paris, l'inspecteur divisionnaire Raphael Zeck, ancien commando de marine, enquête sur de mystérieuses sources radioactives.
C'est un livre dense et touffu : on passe de la conspiration millénariste au serial killer, en passant par la menace terroriste, les guerres entre polices et services secrets (au nom du secret défense, ou pour s'assurer la gloire) et les conséquences de l'éclatement de l'URSS.
En effet, si le livre a été publié en 2012, l'auteur a choisi de placer l'action en 1994. C'est un peu déstabilisant initialement d'ailleurs.
En tout cas, cela part dans tous les sens, et j'ai eu bien du mal a prévoir les changements d'orientation de l'intrigue,ce qui est toujours positif.
Et puis dans ce livre, j'ai appris l'existence du Glaive, une organisation secrète chapeauté par l'OTAN pour créer (en toute illégalité et hors contrôle démocratique) des cellules de résistants en cas d'invasion par l'URSS : voir ici ou la pour la France (mais en anglais)
Au final un bon thriller, bien documenté, et dense.