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vendredi 1 mai 2015

Seul sur Mars par Andy Weir


Seul sur Mars
C'est un livre qui faisait partie de ma pile a lire de GoodReads (qui contient 665 livres à ce jour), et en passant a la bibliothèque, je l'ai vu au rayon nouveauté. J'en ai donc profité.

On pourrait le décrire comme un remake de Robinson Crusoé, remis au goût du jour, et qui se passe sur la planète Mars. C'est très scientifique - on n'y trouveras pas de Vendredi, je vous préviens - sans être barbant. Pour résumé, suite à un accident malencontreux, un homme se retrouve isolé sur Mars, alors que le reste de son équipe est reparti prématurément vers la Terre. Seul espoir : la prochaine expédition arrive dans un peu moins de 4 ans. Premier souci : il a trois cents jours de nourriture devant lui. Première chance : on lui a laissé l'abri, et deux véhicules (ainsi que les clés USB de musiques et de séries TV emportées par ses collègues). Deuxième souci : c'est du disco, le survivant ne supporte pas le disco. Troisième souci : il n'a aucun moyen de communiquer avec la Terre, et vis-versa. Même si les satellites en orbite de Mars le surveillent, et ont permis à la NASA de savoir qu'il est la, vivant.

80% du livre est le récit a la première personne du naufragé, rédigé dans son journal presque intime, dans un style plutôt léger sur la forme, mais très précis niveau science. Cela alterne entre chronique de la vie courante (pour autant qu'on peut parler de vie courante dans le contexte..) et élaborations de plans, calculs de survie, et bricolages divers. Quelque part, cela m'a un petit peu fait pensé à Jules Verne, en nettement moins formel.
Les 20% restant sont principalement le récit (de façon plus conventionnelle) des tentatives de sauvetages lancé de la terre.
On a donc un thriller ou l'enjeu est la survie (nourriture, eau, oxygène, déplacement..), le tout basé sur la Science. Malgré les explications précises, c'est facile à lire, Mark (le naufragé) a beaucoup d'humour, parfois un peu noir, dans son écriture de journal.
Pour une fois, j'aimerais que les choses se passent comme prévu. Seulement une fois... Mars continue à essayer d'avoir ma peau.

C'est donc assez facile à lire, jamais rébarbatif malgré les explications techniques, et pleins de rebondissements. On se prend facilement à tourner page après page pour suivre les succès et les épreuves de Mark. Je n'irai surement pas voir le film de Ridley Scott prévu fin 2015 mais c'était une lecture haletante.

Incidemment, le titre anglais est "The martian", ce qui a un charme certain.

vendredi 19 septembre 2014

House of Suns par Alastair Reynolds



House of Suns se passe dans un futur lointain (environ six millions d'années), ou presque tout est possible (clone, intelligences mécaniques, barrières de protection autour d'une étoile devenue nova, et j'en passe), sauf les déplacement plus rapide que la lumière, car cela causerait un paradoxe : pour faire simple, ce type de déplacement permettrait à une information sur un action d'arriver avant que l'action soit faite, ce qui ferait mal à la causalité ).
Les deux principaux héros et narrateurs du livre sont Campion et Purslane (des noms de fleurs, que j'ai du mal à traduire..), deux membres de la Maison des Fleurs, aussi appelés House Gentian. Ce sont en fait deux "shatterlings" (une traduction serait peut-être "éparpillés" : fait, tous les membres d’une la même maison sont tous clones (mais non identiques) de la même personne, et font des Circuits de plusieurs dizaines de millénaires dans la galaxie. Les circuits se terminent tous en même temps. C’est alors l’occasion de grandes fêtes, appelés Réunion, ou tous les membres de la Maison se retrouvent pour notamment mettre en commun leurs souvenirs et enrichir la base de données des connaissances de leur Maison.
Ces humains ne sont pas immortels, mais deux technologies leur permettent de "vivre" pendant six millions d'années : une sorte de mise en stase (hibernation), et une drogue permettant d'accélérer ou décélérer le temps pour un individu.
Nos deux héros (qui s’aiment, ce qui est très mal vu) échappent de justesse au massacre de leur Maison lors de la 32eme Réunion, sauvés par leur retard d’une cinquantaine d’ans. Il va leur falloir trouver qui est derrière cet acte. Et dont la raison se cache dans le passé proche, et lointain, de leur maison.
Ayant lu le livre il y a au moins six mois, je me trouve un peu effrayé par l’idée de ne pas le décrire correctement. Dans mon résumé, j’ai beaucoup insisté sur les aspects temporels – qui sont vertigineux, pour ne pas dire épiques, mais j’aurai pu aussi parler des différentes civilisations rencontrées, fascinantes, ou de certains décors, extraordinaires. L’intrigue aussi est passionnante, une sorte d’enquête – hard sf. Et la contrainte forte de l’univers « pas de voyages hyper-luminiques » est pleine d’implications sur le récit, qui contribue au dépaysement.
Pour ce qui est du style, la narration (toujours à la première personne) est alternée entre les deux héros, et leur ancêtre commun, qui passe la plupart du récit dans une réalité virtuelle très fantasy.
Au final, c’est très prenant, impressionnant et fascinant : du grand spectacle, et de l’émerveillement. Terminal World reste pour moi le meilleur Reynolds, mais House of Suns est de très bonne facture.

mardi 16 septembre 2014

La trilogie Paradox, par Rachel Bach



C'est l'histoire d'un soldat d'élite talentueux, avec son armure de puissance faite sur mesure, adorant l'adrénaline, buvant comme un trou (mais pas pendant le travail !), et n'ayant rien contre les coups d'un soir. Son ambition est de rentrer dans le corps des Dévastateurs, l'élite des armées du Roi Sacré de l'empire humain de Paradoxe. Après une carrière brillante dans l'armée, puis dans les meilleurs mercenaires, c'est la dernière étape d’une ambition née à l’adolescence. C'est juste que 27 ans, c'est trop jeune (manque d'expérience) pour faire partie des Dévastateurs. Par contre, on lui parle d'un boulot de garde de vaisseau spatiale, un truc a priori inintéressant, mais avec un capitaine et un navire connu pour leur malchances, leurs prises de risques, et la mortalité de l'équipage : l'important étant cependant qu'en survivant à ce job, il est facile de se faire remarquer par les recruteurs des Dévastateurs. Devi remercie donc son amant-ami, et va de suite s'engager pour ce travail. Elle ne se doute pas de ce qui va lui arriver.
J'ai essayé pendant ce premier paragraphe de faire planer le plus possible le doute sur le genre de l'héroïne (ce qui est plus dur en français qu'en anglais..). Car usuellement, on ne s'attendrait pas à voir une femme dans ce type de personnage. - à tort, mais usuellement les auteurs hommes de ce sous-genre de la SF restent dans le cliché standard du guerrier, et c'est sans doute mieux pour mal d'entre eux, vu leurs seconds rôles féminins.
J'ai découvert le premier chapitre de ce livre à la fin d'Ancillary Justice : la narration (à la première personne) était enjouée, l'héroïne immédiatement sympathique, et je me suis dit que de la military-SF écrit par une femme, cela pouvait valoir le coup d'oeil (c'est plutôt rare, en plus) . En me renseignant un peu sur le livre et son auteur, j'ai été un peu surpris de voir l'étiquette de "Action-packed romance", mais bon, la romance ne m'a jamais fait peur. Et tant mieux !
C'est une trilogie pleine d'action, mais aussi de découvertes. Du vrai space opera (mais d'un point de vue de "fantassin", on ne verra pas de grandes batailles), avec des personnages ambivalents, des choix moraux pas toujours évidents pour nôtre héroïne, un peu de romance donc (mais assez peu somme toute), et surtout de l'aventure avec un grand A.
J’ai été heureusement surpris par le tour qu’a pris l’intrigue, et si l’univers est assez peu défini et plutôt classique, il est intrigant, entre son empire terrien qui s’oppose au royaume de Paradox et son roi de droit divin, ses trois races extra-terrestres, et ses mystères.

Tout cela dans un style très plaisant, avec une héroïne attachante, une auteure qui connait son métier, et qui nous offre un angle de vision différent sur la mil-scifi. Ce n'est pas un chef d’œuvre, mais un divertissement de qualité.

vendredi 12 septembre 2014

Ancillary Justice, par Ann Leckie



Sur une planète perdue ou l'a mené la quête impossible qu'il mène depuis 20ans, Breq retrouve dans la neige, mourant(e) - je reviendrai sur cet accord incertain - quelqu'un qu'il a connu il y a de cela un millénaire.
Breq, à l'époque, était le vaisseau Justice de Toren qui les transportait tous les deux.
En effet, Breq était l'IA d'un vaisseau de guerre de l'Empire Radch, et en même temps incarné(e) dans des ancillaires : des corps humains (dont on a détruit "l'âme"), en général les perdants des guerres coloniales et d'annexions de l'empire. Il / elle contrôle/est hébergé dans/ possède plusieurs dizaines de ces corps simultanément, ce qui lui permet d'être partout à la fois, ou presque, et d'en même temps servir d'ordonnance a son officier (un vrai humain), monter la garde autour de leur résidence, et enquêter sur une mystérieuse contrebande dans une ville récemment conquise.
Enfin, cela lui permettait, car il/elle est depuis vingt ans seul (e), isolé (e), une anomalie dont personne ne soupçonne l'existence.
Ce roman a eu trois prix cette année, dont le dernier en date, et le plus prestigieux peut-être, le Hugo. Il y a plusieurs choix stylistiques intéressants, sur le papier. Le premier est d'alterner la narration (à la première personne) entre le présent et une période - déterminante pour le/la heros/ine - d'il y a 20 ans. Ce n'est pas forcément original (cf Ian Banks), mais c'est bien mené.
Plus original, l'auteur a décidé que le genre par défaut de son roman serait le féminin, en rajoutant par-dessus/avec que la civilisation du narrateur n'attache pas d'importance au genre, avec un langage qui ne le marque pas, et un narrateur pour qui la notion même de sexe n'a pas d'importance. Ne le lisant pas dans ma langue maternelle, je ne suis pas certain d'avoir mesuré toute la mesure de ce changement de genre par défaut dans le langage, mais pour ce que j'en ai donc perçu, et de la hauteur de mon privilège masculin, je n'ai pas vraiment été convaincu.
Les corps multiples du narrateur (j'abandonne les jeux d'accords et de genre, trop lourds) sont l'objet de quelques passages intéressants, ou le multi-doublement (les ancillaires étant capable de pensée relativement indépendantes) nous est décrit sous la forme de perceptions multiples et d'actions simultanées.
De même, le fait que l'Empereur existe en plusieurs centaines de corps, capable d'actions indépendantes, voir cachées, a des ramifications intrigantes, qu'on découvrira au cours de la lecture comme assez centrale.
Enfin, l'univers, qui se dévoile par touche, a l'avantage de ne pas être trop mystérieux (je te regarde, Steven Erikson et ton Mazalan Empire..) dès le départ. La structure géopolitique de l'empire est basée sur l'expansion (par la conquête continuelle), mais il s'est heurté à une race qui l'a bloqué dans son élan, ce qui commence - dans le présent du livre - à mettre en danger sa structure sociale. Là encore, c'est une ramification qui se rattachera à l’intrigue principale.
Cependant, malgré une certaine richesse, et des idées intéressantes, je suis resté sur ma faim. Il y a peu de développement de personnages, le rythme est parfois un peu lent, et l’histoire se termine presque brutalement.
J’en garde une impression mitigée, un sentiment d’inachevé, et je doute que cela ait été le meilleur choix pour le Hugo. Il s’agit cependant du premier volume d’une trilogie « lâche », et je reste curieux de voir comment cela va évoluer à la fois pour le narrateur, et l’univers.

samedi 30 août 2014

La trilogie The Maze Runner (ou L'Epreuve en français) par James Dashner



Thomas se réveille dans un ascenseur montant, avec pour seul souvenir son prénom. Lorsque les portes s’ouvrent, il se retrouve au milieu d’un groupe d’adolescent (tous des garçons) qui vivent dans la Clairière (la traduction officielle est Bloc, ce qui s’éloigne un peu trop à mon goût du Glade initial), une très grande cour (avec un potager, une petite ferme, un refuge, une forêt et même un cimetière) au milieu d’un labyrinthe. Tous les soirs, les murs bougent pour isoler la petite communauté du reste des couloirs, car c’est à la nuit (principalement) que sortent les Griffeurs, créatures biomécaniques au venin quasi mortel. Mais si la victime est soignée à temps (par un sérum fourni ponctuellement par d’invisibles bienfaiteurs (ou organisateurs ?)), elle survivra, et y gagnera quelque souvenirs indistincts qui lui reviendront après une fièvre douloureuse.
Thomas doit donc s’intégrer dans cette communauté bien organisé autour de plusieurs « corps de métiers », dont notamment les Coureurs, qui explorent chaque jour (revenant avant la nuit !) le labyrinthe pour tenter d’en trouver la clé.
Mais son arrivée est un catalyseur de changement : la mécanique bien réglé du labyrinthe (un nouvel arrivant tous les 30 jours) se détraque au fur et à mesure qu’il découvre son nouvel univers, et ses compagnons d’infortunes

Le moins qu’on puisse dire est que c’est que cette série baigne dans le mystère et l’opacité : le lecteur finira par obtenir toutes les réponses, mais il faudra attendre la fin de la trilogie. Il est vraiment difficile du coup de parler du livre sans entamer le plaisir de la découverte. En tout cas, le contexte initial est passionnant (certes, j’ai un faible de pour les labyrinthes depuis (l’excellent) « The Man in the Maze » de Silverberg – les deux livres n’ont rien à voir par contre), et au cours de la lecture, on se prend au jeu des suppositions et à tenter de lire entre les lignes. C’est assez sombre – la vie est dure dans la Clairière -, l’environnement est assez étouffant, et assez horrifique.
Par la suite, le contexte change, s’agrandit, pas toujours de façon heureuse. L’auteur rajoute un soupçon de paranoïa qui enrichit bien la trame du deuxième volume, qui contient quelques scènes très fortes. Le dernier livre m’a semblé un peu plus faible, ou peut-être étais-je lassé, avec une intrigue moins efficace, moins bien gérée.
Il s’agit là d’un roman pour adolescents. On n’y trouvera donc pas de sexe. Par contre, la violence est très présente. Surtout, l’ambiance est très sombre, et lourde : les espoirs sont souvent déçus, les mystères sont oppressants, les alliés incertains, et il est bien difficile de survivre dans cet univers, comme le prouve l’hécatombe continuelle autour du héros.
En conclusion, dans la série « sf/horreur pour jeunes adultes », j’ai trouvé cela moins bien écrit, moins efficace, moins bien mené que la série Ennemis de Higson. Cependant, il y a quand même beaucoup d’action, de mystères intrigants, une ambiance éprouvante (et prenante), et le décor initial est vraiment intéressant. Mais je reste sur un arrière-goût d’insatisfaction, notamment parce que le « mystère principal », que l’on connait à peu près clairement au début du troisième livre, ne m’as pas semblé très crédible.
A noter qu’il y a un quatrième livre, qui en fait un prologue à la série, que j’ai trouvé encore plus sombre, mais pas forcément mieux réussi : mais le fait de le lire après la série (ce qui est l’ordre de parution) joue contre lui, car du coup, on sait exactement ce qui « tombe » sur les héros.

lundi 12 mai 2014

Timelines, une anthologie




Une anthologie de nouvelles, c'est toujours bien. Si jamais l'une est mauvaise, la suivante sera meilleure, et on ne s'ennuie jamais bien longtemps. Ici, il s'agit donc d'une collection d'histoires plutôt courtes (pas de novellas dans ce recueil), tournant autour du voyage dans le temps.
On peut classer les textes en grandes catégories :
- plusieurs tournent autour de la Fin des Temps : jusqu'où peut-on voyager, et qu'y trouve-t-on ? J'ai particulièrement la plage désolé de Love & Glass, ou viennent s'échouer tous les voyageurs temporels, accueilli par une étrange créature.
- quelques histoires reprennent l'idée "et si on allait tuer Hitler" et les différentes conséquences de cet acte (Spree raconte une spirale infernale pour tenter d'obtenir un meilleur futur, un véritable carnaval de conséquences de plus en plus terribles).
- quelques nouvelles sont des hommages directs à La Machine à voyager dans le Temps, et reprennent le personnage du Voyageur de H.G Wells : dans Cruel Geometry, les morlocks ont réussi à copier la Machine, et prennent le contrôle de leur passé : comment lutter ?
- pas mal d'histoires, et cela m'a surpris, sont réellement inquiétantes, voir dérangeantes : j’ai particulièrement été troublé par "Conditional Perfect" : le voyage dans le temps est ouvert à tous, et permet de visiter des passés parallèles. Ce qui est utilisé non pas dans un but de recherche scientifique ou éducatif, mais pour les pires divertissements exercés sur des humains considérés comme "irréels". Le début de la nouvelle s'ouvre sur le découpage d'un 747 en plein vol, la chute des passagers amusant énormément les voyageurs du futur dans leurs voitures volantes, pour se poursuivre sur la mise à sac d'une ville. Et si le narrateur ne prend pas part à ces exactions, on découvre que sa quête est tout aussi horrifiante. C'est une nouvelle qui m'a fait une très fort impression.
- "By His Sacrifice" est fort intéressante : que fait-on de l'enfant qui deviendra celui qui est venu du futur nous sauver dans notre passé ?
- et pour clore l'inventaire, il y a quelques histoires plus drôles, par exemple Wikihistory, qui fait le parallèle entre les éditions de l'histoire et celles de Wikipedia à travers une suite de commentaires (de mémoire, c'est à peu près comme cela :
"SuperVoyager : J'ai tué Hitler, le monde va aller mieux »
"Moderator : Prière de ne pas tuer Hitler avant d'avoir lu les informations de base. Ça m'évitera d'avoir encore à corriger cet acte")

Au final, un excellent recueil, recouvrant de nombreuses ambiances, et une bonne surprise pour moi, notamment pour les textes les plus effrayants.

mardi 26 novembre 2013

La trilogie de Gaïa, par John Varley



La trilogie de Gaïa raconte sur trois volumes et une centaine d'année les aventures d'un groupe de terriens (et notamment de deux d'entre eux) sur un planétoïde intelligent situé près de Saturne. L'intelligence de ce planétoïde se manifestant par son incarnation, Gaïa, qui s'ennuie un peu après tune existence de trois millions d'années, même si la vie sur terre la divertit pas mal, d'autant plus depuis l'invention de la radio et de la télévision.
Ainsi donc, quand un vaisseau spatial terrestre passe à proximité, celui est intercepté, et son équipage transféré a l'intérieur du planétoïde : qui est en fait un gigantesque (et varié) écosystème, peuplé par les créations de la maitresse des lieux qui vont d'animaux-dirigeables à centaures bi-sexués (le genre de la ou le Titanide (c'est leur nom) étant défini par leur sexe frontal). L'équipage et notamment la courageuse capitaine Cirroco Jones doivent survivre dans ce monde de poche régi par une déesse inconstante, mais heureusement pas omnipotente ni omnisciente.
Cette courte description (qui occulte beaucoup, beaucoup de choses) donne je l’espère une idée du ton général de cette trilogie : une imagination débridée, de l'humour limite loufoque (mais aussi parfois du drame).
Cela fait un patchwork parfois illégal, bien que servi par un talent indiscutable d'écriture, des personnages complexes, et un foisonnement d'idée impressionnant.
Au final, je suis assez ambivalent : c'est une bonne série (Prix Locus 1980 pour le premier volume) de façon indéniable, mais c'est parfois un peu trop daté SF fin 1970 pour moi..





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lundi 7 octobre 2013

Gone (la série), par Michael Grant




Cette critique porte sur l’ensemble de la série. Elle est disponible en français.
Gone est une série en six volumes (une hexalogie, non ?) orientés jeunesse "moderne" (on n'est plus dans le club des 5, genre ( comme on dit maintenant)) : je reviendrai sur la cible en fin.

Un beau jour, tout les adultes (tous les 15 ans et plus en fait) de la petite ville californienne de Perdido Beach disparaissent, ne laissant derrière eux qu'environ 300 bébés, enfants, pré-ados et jeunes adolescents. Ceux-ci découvrent bien vite que leur ville et ses alentours sont enfermés dans une sphère opaque (laissant quand même passer la lumière) d'environ une vingtaine de kilomètres de diamètre, coupant tout contact avec l'extérieur (si cet extérieur existe encore.. )
Il va donc falloir s'occuper des plus jeunes, gérer les dissensions et les ambitions (notamment venant de membres d'une école privé pour adolescents difficiles, mais de bonnes familles),et s'adapter à un environnement nouveau : certains animaux changent, et certains des enfants manifestent des pouvoirs mutants : super-vitesse, rayon laser, télékinésie...
De plus, ils ne sont pas tout seuls dans leur Zone : une force maléfique poursuit un sombre dessein.
Et pour couronner le tout, tout adolescent atteignant 15 ans disparait.

Je ne vais pas faire le synopsis des six volumes : j'ai commencé à le faire, et c'était à la fois trop court pour ne pas trahir et trop long pour être lisible.
On va donc suivre pendant six volumes une vingtaine de personnages différents et attachants (un héros malgré lui, une jeune fille prête a beaucoup pour la survie de son petit frère autiste, un adolescent qui face aux difficultés se révèle a lui même méprisable, une autre jeune fille qui se dévoue a tenir une crèche...), dans une situation qui se dégrade au fur et à mesure que l'histoire avance (suite aux dissensions, l'épuisement des ressources, l'influence et les actions de l'Ombre, jusqu’à un final apocalyptique, et des épilogues très satisfaisants.

L'histoire est parfois violente, même sanglante (il y a des insectes cauchemardesques), mais le (délicieusement) pire a été pour moi le côté psychologique : chaque succès n'est que temporaire, les choses vont presque  toujours vers le pire, plus le temps passe, plus la situation empire, les personnages sont pleins de doutes et l'auteur ne recule pas devant un certain réalisme : par exemple, au bout de deux livres, la plupart des animaux domestiques ont été mangés, certains enfants mutants sont rendus inoffensif en leur coulant les mains (source de leur pouvoir) dans un bloc de ciment..
Mais il y a aussi un petit peu de romance (rarement heureuse) et de l'humour, parfois :
She kissed him and slid on top of him. Their bodies did the rest.
At some point in the hours that followed he said, “Astrid?”
“Don’t you think you should have made sure of that about three times ago?”
Chaque livre est structuré sous la forme d'un compte à rebours horaire (Chapitre 10 : 34h 31mn, Chapitre 11 : 26h 45mn), vis a vis du final du livre, qui illustre bien la montée en puissance de la tension. A ce titre la, le dernier volume est exemplaire, haletant. Pour tout dire, j'ai perdu pas mal de sommeil avec "je vais juste lire deux trois pages pour me rendormir a 2h du matin", pour en arriver a ce que l'aube pointe sur la dernière page du volume..
C'est donc un mélange de Sa majesté des mouches pour la violence par et parmi les enfants, de X-Men (enfin.. de trucs avec des mutants qui ont des pouvoirs) pour le côté mutants, et de roman d'aventures et d'actions.
Il y a des personnages très attachants (mais attention ! certains meurent, et aucun n'en ressortira indemne), ce n'est pas du tout manichéen, les personnages évoluent, changent, murissent (assez logiquement vu le contexte), se trahissent eux même ou trouvent leur voie.
C'est aussi pleins de mystères (qui se résoudront), de tension, d'action, c'est extrêmement prenant, et très plaisant. Destiné jeunesse (les couvertures peuvent décourager :)), c'est moins effroyable qu'Ennemis mais cela reste assez dur. La galerie de personnages, l'action incessante, les situations complexes et difficiles en font un tout cas un livre que j'ai eu beaucoup de plaisir (et de frissons) à lire.

dimanche 25 août 2013

Le Cycle de Tschaï, par Jack Vance




Un vaisseau d'exploration terrien arrive en orbite d'un planète inconnue, d’où a été émis un message de détresse il y a plusieurs décennies. Il est abattu et seul Adam Reith, un spécialiste de la survie, s'en sort. Il se retrouve sur une planète du nom de Tschaï ou il va connaître de nombreuses aventures, découvrir des races non-humaines étranges, et aura besoin de toute son ingéniosité et ruse pour revenir sur Terre..

Cette quadrilogie est l'une des œuvres les plus connues de Vance, a juste titre. C'est un grand roman d'aventure (C'est d'ailleurs le titre VO de la série : Planet Of Adventure, quelle coïncidence..), tout a fait représentatif de la SF des années 50-60 (plutôt 50 que 60, malgré sa date de parution, dans le sens qu'on est bien loin de certaines œuvres plus .."modernes", comme celles de Dick ou Farmer ), mais la qualité d'écriture et la maitrise de l'auteur en font un classique toujours plaisant à lire. On n'y trouvera pas de personnages féminins marquants, par exemple, mais on ne sera pas non plus choquée par une misogynie "de l'époque" trop lourde.

En quatre livres pleins d'action et de mystères, on découvre une planète peuplés d'humains et non humains aux mœurs étranges, voire ridicules, un patchwork de sociétés et de cultures comme Vance a toujours aimé écrire et nous décrire.
J'ai pour ma part une préférence pour le premier et le troisième, sans doute parce que l'action y est la plus intense, et plus dans les thèmes que j'affectionne (exploration, reconstruction et survie). Mais le Wankh et le Pnume nous présente aussi chacun deux long voyages, chacun dans leur genre, intéressant et prenant, et ne sont pas vraiment moins bons.

Pour l'anecdote, un camarade de classe, il me semble un certain Guillaume Brûlé (peut-être que je le calomnie a tort :) ) m'avait croire qu'il y avait un cinquième volume, ou le héros revenu sur la Terre, se transformait en créature de Tschaï . Ah la duplicité des gens (ou ma confiante naïveté) n'a pas de limite..



Je suis assez content en tout d'avoir l'édition J'ai Lu des années 80, avec les magnifiques couvertures-bestiaire (chacune représentant une race) de Caza.
En tout cas, s'il faut tout lire (sans doute) de Vance, il faut au moins avoir lu ceux-la.

samedi 15 juin 2013

Warm Bodies, par Isaac Marion



R (il ne se souvient pas de son nom, sauf que cela doit commencer par un R) est un zombie. Il passe son temps a glander dans son avion ou il réside a l’aéroport qu’occupe sa horde, grogner avec son pote M, et quand ils ont faim, monter un groupe pour aller en ville manger de la chair fraîche, surtout des cerveaux qui leur font vivre des flash mémorielles de leur victime. Et lors d’un de ces raid, il rencontre l’ex du porteur de cerveau qu’il vient de dévorer, et il en tombe amoureux. Il la déguise rapidement en zombie, et la ramène avec lui.

"No one I know has any specific memories. Just a vague, vestigial knowledge of a world long gone. Faint impressions of past lives that linger like phantom limbs. We recognize civilization - buildings, cars, a general overview - but we have no personal role in it. No history. We are just here. We do what we do, time passes, and no one asks questions. But like I've said, it's not so bad. We may appear mindless, but we aren't. The rusty cogs of cogency still spin, just geared down and down till the outer motion is barely visible. We grunt and groan, we shrug and nod, and sometimes a few words slip out. It's not that different from before."


J’avais vu la bande annonce du film tiré de ce roman. Une bande annonce sympathique, mais que je suspectais de contenir l’essentiel des bons moments du film. Je ne peux pas confirmer ou infirmer cela, mais en tout cas à la voir, l’adaptation semble être extrêmement fidèle - bien que j’ai un doute que certaines scènes soient retranscrites, comme quand les zombies essayent de faire du sexe entre eux. Parfois, le livre est assez crade/ gore.

Mais au fond, c’est surtout.. mignon.. Le livre est parfois catégorisé comme « Romance zombie », et c’est pas faux. De la romance pour adulte, mais romance quand même. C’est plutôt agréable, et avec pas mal d’humour, notamment pour la description de la « société » des zombies, un peu de mystère, quelques descriptions saisissantes (notamment la ville des humains a l’intérieur d’un stade).

Au final, ça se lit facilement, j’ai trouvé cela plutôt bien écrit, sans lourdeur, et si on peut sans doute critiquer certains points (le personnage de Julie est parfois un peu limite notamment), c’est plaisant et prenant, parfois drôle, parfois horrible, et avec un petit peu de réflexion sur la marge parfois mince entre les vivants et les non-morts...

dimanche 9 juin 2013

Embedded par Dan Abnett




300 ans dans le futur, la guerre froide continue toujours, peut-être un plus froide parce que répartie sur une centaine de planètes, mais toujours présente malgré tout. Lex Falks est un journaliste réputé et désabusé, envoyé sur la planète 86 (ce qui est soit un jeu de mot, 86 voulait dire jeté car inutile, ou une référence à une année charnière de la guerre froide dans la réalité) pour servir de relais malgré lui à la propagande du complexe militaro-corporatiste des USAs. Mais quand les rumeurs de rebellions enflent, et que cela nuit aux intérêts de la principale corporation sur la planète, celle-ci décide le mandater pour montrer que ce n’est pas eux, les méchants. Ils lui proposent de l’implanter dans l’esprit d’un des soldats envoyé en patrouille : il verra par ses yeux, sans pouvoir cependant communiquer avec lui. Les détails techniques sont largement passés sous silence, mais c’est une opportunité unique. Il accepte, et bien entendu, tout se complique que cela soit la situation interne ou externe.

...It’s a giant rolling ball of shit coming downhill and sweeping everything up. And that giant rolling ball of shit’s called history, and we were standing in its fucking way.

J’ai pris ce livre par collectionnite : j’aime bien Dan Abnett (en tant qu’auteur de romans dans l’univers de Warhammer 40000), donc je vois un livre de lui, je le lis. Pour tout dire, j’ai commencé ce livre par ce que je n’en avais pas d’autre en stock et j’étais même plutôt réticent, comme si je ne le pensais pas capable de faire un pur roman de SF qui ne soit pas inspiré du jeu de figurines.

Et j’avais bien tort. Et j’aurai du m’en douter, car en fait, en y réfléchissant à posteriori, déjà dans son œuvre Warhammer 40000, on peut observer une évolution, notamment à partir d’Only in death, qui se détache des poncifs du jeu (même si j’aime cela aussi) pour gagner plus de « valeur » intrinsèque.

Et c’est confirmé par ce livre, qui est un excellent roman, et pas uniquement de la mil-scifi. On y retrouve les scènes de combat viscéral d’Abnett, qui grandissent en qualité de ne pas baigner dans le « Toujours plus» propre au 40eme millénaire, mais associé à des personnages intéressants, et des situations complexes. On peut aussi voir dans ce livre des réflexions et des critiques sur les liens média, entreprises, et armée, en rapports le début de ce siècle, de la même façon que Starship troopers ou Forever War étaient aussi en lien avec leur époque.

Au niveau des critiques, le début est peut-être un peu lent, pour ma part, j’ai trouvé cela comme une mise en place nécessaire et pas désagréable. La révélation finale n’est qu’à moitié surprenante, mais ce n’est pas vraiment le point d’intérêt central du livre, de toute façon.

Pour conclure, ce livre est une très bonne surprise, et j’espère qu’Abnett va continuer à voler de ses propres ailes, car si Triumff était déjà intéressant, Embedded est vraiment une réussite.

vendredi 7 juin 2013

Wool Omnibus par Hugh Howey



Dans un immense silo souterrain de 150 étages, autour d’une escalier en spirale (et pas d’ascenseur) vit une société hiérarchisée, pour ne pas dire stratifiée en bas, les mécaniciens / mineurs, plus haut, les fermiers, le département informatique, les crèches, jusqu’au bureau du shérif, tout en haut, avec sa sortie sur l’extérieur qui permet d’expulser les criminels dans un monde toxique et inhabitable (avec une combinaison leur assurant quelques minutes de survie, le temps de nettoyer la caméra qui permet au gens de l’intérieur de voir leur environ) . Mais cet univers qui semble immuable cache ses secrets : est ce que vraiment tout est mort dehors ? L’histoire enseignée est elle véridique ?

Ce livre est souvent considéré comme le pendant SF à 50 nuances de gris, non qu’il y ait du sexe dedans, bien au contraire, mais plutôt parce que c’est aussi un livre auto-édité qui devint un grand succès. N’ayant pas lu le roman SM (c’est la que je me dis que je vieillis : ma libido n’est plus un facteur de choix de lecture), je ne m’attarderai pas sur la comparaison entre ces deux ouvrages, les thèmes me semblant bien différent, et celui qui lirait l’un en le prenant pour l’autre serait surement très déçu.

Au départ, j’ai trouvé que l’histoire se répétait un peu. Les trois premiers chapitres (ici appelé livres) m’ont parus un peu trop semblables dans leur structure, avant que je réalise que c’est en fait une pyramide inversée : chaque chapitre se construit sur le précédent pour nous faire découvrir davantage le monde et notamment la société étrange du silo, avec par exemple sa loterie ou après chaque décès une loterie a lieu pour donner le droit a un couple d'avoir un enfant.

Il faut savoir que Wool a commencé comme une suite de novellas, qui ont été réunis en un volume, suite à leur succès. Mais on n’a pas affaire ici a un ramassage de fond de tiroirs pour sortir une anthologie, les nouvelles se suivent et racontent une histoire totalement cohérentes : Wool est un vrai roman.

Un roman correctement écrit, avec du mystère, des dangers, des révélations, des personnages attachants, un sens du récit certain de la part de son auteur (un peu gâché par une histoire d'amour pas vraiment réussi), Pas forcément de la grande littérature, mais un très bon divertissement.

jeudi 16 mai 2013

Manhattan a l'envers, par Peter F.Hamilton



Ce livre contient 7 nouvelles, pas loin de la novella pour certaines :
- En regardant pousser les arbres : une enquête s'étendant sur plusieurs siècles, dans une uchronie basé sur une évolution de ',empire romain par le croisement des gladiateurs. Et en même temps, on suit une évolution technique grandissante. Intéressant, notamment pour la découverte progressive et entre les lignes (pas d'info dumps) de la société du narrateur.
- Un électorat en marche : dans une Angleterre en crise et sans avenir, si on a le choix de tout recommencer sur un autre monde, certes avec des règles parfois contraignantes, qui peut décider de rester a se battre, plutôt que de partir vers l'espoir ?
- Si du premier coup : une histoire de voyages temporels. Inracontable sans trop en dire, mais plutôt réussi.
- Le chaton éternel : une histoire courte, ou la chute horrifiante arrive comme un coup de tonnerre soudain dans un ciel bleu.
- Le piège à démon : c'est une enquête de Paula Myo, cette transfuge d'une société qui l'a con¸u et programmé pour être une excellente policière (Elle ne peut transiger avec le crime, en aucune façon : pas d’arrangement, pas d'abandon, etc..) Elle se passe avant les événements de Pandore. Les thèmes sont ceux de la mémoire, de l'individu(-alité). Pas vraiment convaincant, le coté mémoire ayant déjà été abordé dans Pandore.
- Manhattan à l'envers : nouvelle histoire de Paula Myo, situé après Pandore : sur une planète récemment ouverte a la civilisation, des animaux jusque la inoffensifs s'en prennent maintenant à l'homme. Paula doit trouver pourquoi. De la SF classique "mystère à résoudre sur une planète inconnue", mais qui ne m'a pas trop accroché.
- Béni par un ange : cet histoire se passant avant la trilogie du Vide raconte de façon indirecte la genèse d'un des personnages principaux : intéressant en tant que préface, nettement moins en tant qu'histoire indépendante.

Au final, une impression mitigée. De toute façon, en regardant les origines de ces nouvelles, on constate que c'est une anthologie faites de textes parus sur une dizaine d'année a droite a gauche, il n'y a donc pas vraiment de cohérence. Au final, quelques réussites, notamment le chaton éternel, des textes qui laissent sur le faim (on aimerait en savoir plus sur ce dérivé d'empire romain), et des histoires moyennes, notamment celle de Paula Myo. Après, si on est fan du personnage...

dimanche 21 avril 2013

Nekropolis, par Maureen F. McHugh



Dans le Maroc du milieu du 22eme siécle, Hariba est une domestique, qui a été "jessed". C'èst a dire que son cerveau a été modifié pour qu'elle soit intrinsèquement loyale à son propriétaire (il s'agit d'indenture volontaire à la Jack Vance, même si la aussi, le coût de racheter son contrat est si important qu'au final on peut parler d'esclavage). Mais quand elle découvre Akhmim, un harni, ou Chimère, être humain bio-construit (avec un statut, dans cette région du monde, de non-humain), elle se retrouve à vouloir.. autre chose.
Je ne sais pas comment ce livre s'est retrouvé dans ma liste de lecture. Je l'ai commencé sans rien savoir, pour tout dire, je m'attendais a des zombies.
Je fus fort désappointé. En effet, le titre fait référence au fait qu'une partie de la population (la plus pauvre) vit dans une ancienne cité mortuaire, depuis longtemps livrée aux vivants.
Cependant, j'ai accroché au style, subtil et plein de mélancolie, et à la structure narrative. On a droit a plusieurs narrateurs, mais qui ne s'entrecroisent pas. Hariba commence à raconter pour trois ou quatre chapitres, puis le flambeau est repris par Akhmin, qui raconte la suite de l'histoire. Au final, il y a 4 narrateurs différents, Hariba revenant en fin de roman. Cela change des narrations passant d'un personnage a un autre en un cycle ininterrompu, si courantes maintenant.
Au bout de cent pages, je me suis souvenu de la Servante Ecarlate : Nekropolis en serait il "une version musulmane" ?
En effet, comme dans le livre d'Atwood, le récit est celui d'une femme oppressée par la sociétés et la religion.
Mais ce n'est pas si semblable principalement par le fait que la Servante se déroule peu de temps après l'arrivée au pouvoir des forces d'oppressions. Dans le livre de McHugh, les forces oppressives sont installées depuis bien plus longtemps.
Du coup, alors que - de mémoire - Atwood nous raconte une rébellion plutôt franche (même si étouffée), et une oppression brutale, ici celle-ci est par contre totalement internalisée par les individus qui la subissent.
Quand Hariba a peur parce qu’elle est dans un café avec un homme, il n'y aucune révolte de sa part (et aucune pression visible exercée), c'est un état de fait, c'est ainsi pour les femmes.
Le parallèle de cette soumission "acquise" est la soumission innée d'Akhmin, une création artificielle, conçu pour obéir.
C'est quelque part encore plus troublant : le lecteur est plus affecté que le personnage, sans que l'auteur ait besoin d'insister, on n'a pas affaire ici a un pamphlet.
D'autres exemples de cette acceptation implicite de l'oppression se retrouvent en contraste dans le discours intérieur de la mère de Hariba à propos du veuvage :
"J'ai toujours eu un plaisir secret à être veuve[..] cela m'a permis d'être un homme quand je le voulais".
"Zehra et Driss avait un bon mariage je pense, mais maintenant qu'il est parti, Zerha est devenue elle même. Elle est différente sans lui, plus comme je me souvenais d'elle quand elle était une jeune fille audacieuse. Elle s'est redonnée la part d'elle qu'elle avait abandonnée en se mariant"
(comme d'habitude : textes traduits a la volée par moi même, ne sont pas représentatifs de la qualité d'écriture du livre)
La libération ne peut se produire que par des phénomènes indépendant de la victime, alors même que celle-ci est capable pourtant d'en reconnaître les avantages.
Ainsi donc, ici, personne ne se révolte contre la société, au pire, on s'enfuit sans trop savoir ce que l'on fait, ni ce que l'on veut.
Même si mon résumé pousse à le croire, ce n'est pas vraiment une histoire d'amour, en tout les cas pas quelque chose de romantique. Hariba et Akhmin ne cherchent pas tant un amour romantique, que d'avoir un compagnon, de ne pas être seul.
La part de science-fiction "pure" est assez faible, jusqu'au moment ou on a une vision d'une Europe (et notamment Espagne) riche, et accueillante pour les gens en recherche d'asile. Cela pourrait être très sarcastique, mais le livre étant écrit en 2001 par une américaine, on va dire que c'est de l'anticipation optimiste : va savoir ce qui peut arriver d'ici un siècle et demi...
En conclusion, une très bonne surprise : un récit attachant, servie par un style subtil.

lundi 8 avril 2013

La trilogie du Vide, par Peter Hamilton



Un millénaire après les événements de l'étoile de Pandore, l'humanité a continué à évoluer et à s'étendre dans l'univers. Certains dynasties ont quittés la galaxie originelle et coupés tout contact, une partie de l'humanité continue à vivre à peu près normalement (si on excepte l'immortalité, rajeunissement et corps multiples), une autre partie vit dans une économie d'abondance en attendant de passer au stade suivant : le téléchargement de la conscience dans un réseau neuronal avance, en attendant la transcendance post physique complète.
Des rêves d'une autre civilisation, médiévale, semblant venir d'une zone appelé le Vide, impénétrable même pour les espèces les plus avancées de ce coin de l'univers, sont partagés par tout les humains connectes au réseau Gaia, sorte d'empathie partagée. Une religion s'est organisé autour de ces visions, et son nouveau chef, après la disparition du prophète créateur, veut lancer un grand pèlerinage vers la source des rêves, ce qui inquiète une grande partie de la galaxie, qui craint une expansion dévastatrice du Vide.
Pour les quatre cinquième de la trilogie, l'histoire alterne entre les récits dans l'univers du Commonwealth, intrigues entre différentes factions de l'humanité évoluée, menace d'intervention extra-terrestre, et retour d'individus de la trilogie précédente, et entre des récits digne de fantasy, racontant une histoire à la base classique du jeune orphelin sorti de sa campagne pour devenir le roi du coin (bien qu'il n'y ait pas de magicien, de groupes d'aventuriers, ou de Seigneur du Mal, on est plus dans la fantasy urbaine), et c'est plutôt prenant en tant qu'histoire indépendante. La source réelle de l'intérêt de l'univers futuriste pour cette épopée n'est révélée au lecteur qu'en toute fin du deuxième volume. Ce qui est un tour d'écriture que j'apprécie peu, puisque tous les personnages sont eux au courant. Mais bon, laissons à l'auteur le droit de garder son lecteur dans l'ignorance.

Le tiers donc de l'œuvre est de la fantasy, le reste étant donc le mélange d'enquête, d'investigation, de tranche de vie du futur et de Space opéra épique propre à Hamilton. On retrouve une demie-douzaine des personnages de Pandore, et toute une galerie de nouveaux individus et entités. Le mélange des deux histoires est... particulier mais pas inintéressant. D'ailleurs, quelque part, l'intersection entre l'invasion du Commonwealth par les Primiens et le voyage-quête d'Ozzie tenait déjà de cette structure, bien que l'écart de genre est ici beaucoup plus important.
Au final, j'ai trouvé cela un peu moins convaincant que Pandore, mais cela reste de qualité, et "hamiltonien".

samedi 30 mars 2013

L'étoile de Pandore, par Peter F. Hamilton



J'ai voulu commencer la trilogie du vide, ce ce même auteur, et il y avait suffisamment de référence à Pandore pour que je cela me fasse un prétexte de relire cette duologie ( en anglais), même si c'était sans doute non nécessaire.

Cette courte série (pas en nombre de pages) se déroule donc au milieu du troisième millénaire . La technologie des portails, qui permet un déplacement instantané entre deux points, a permis la création de gares interstellaires permettant à l'humanité de s'établir sur des dizaines de planètes, rencontrant quelques races extraterrestres et mystères cosmiques, et procurant une richesse incommensurable à une poignées de grandes familles. Cependant, on n'est pas dans du cyberpunk, et le reste de l'humanité ne va pas trop mal, en travaillant sur plusieurs décennies, tout le monde peut se payer une régénération et repartir à 20 ans, et une mort accidentelle du moment qu'on a pas oublié de tenir à jour sa sauvegarde d'implant mémoriel. Cependant, quand un astronome de seconde zone découvre que deux étoiles se sont retrouvés en quelques instants encercles dans un champs de forme gigantesque(de la taille d'un système solaire), la civilisation toute puissante du Commonwealth se retrouve face à une inconnue, que des terroristes illuminés affirment être l'étape finale du plan d'une entité extraterrestre pour asservir l'humanité.

Peter Hamilton fait du new Space opéra, des récits d'aventures galactiques mâtinés de hard science et de transhumanisme (bien que ce dernier point soit plus un décor de fond qu'un élément majeur de l'intrigue). Personnellement, j'aime beaucoup, et je pense qu'une bonne partie de mon attrait et de mon plaisir de lecteur tient pas mal à mes souvenirs des fulgurs(Lensman en anglais) d'E.E. "Doc" Smith, quand j'étais adolescent : j 'y retrouve les mêmes décors grandiose, enjeux majeurs, et énigmes cosmiques, mais avec des éléments de sciences, cultures, et de sociétés plus "réalistes" et plus proches de nos conceptions actuelles que les œuvres de Smith ou Hamilton (Edmond) des années 40 (et nettement moins manichéen et basé sur un surhomme : je te regarde Kimball Kinninson).
Sorti de ce thème, c'est un roman à la Hamilton : dense, pleins de personnages et de situations, qui finissent par donner un tout a peu prés cohérent : la longue séance de sport aérien du premier volume trouve son miroir dans le dernier volume, ou c'est l'un des points d'orgue d'une longue poursuite qui occupe au final tout le livre. Mark Vernon, peut-être le personnage le plus normal de la série (ni super-riche, ni modelé par une société pratiquant un certain eugénisme comportemental, ni terroriste multi-centenaire..) dont on a un peu de mal a voir l’intérêt de ses passages finira par jouer un rôle important en tant que témoin, puis acteur.
Cependant, le long voyage (la Quête ?) d'Ozzie a travers des chemins mystiques et des paysages improbables jure un peu trop à mon goût avec le reste des livres. Le roadtrip jure un peu comparé aux enquêtes sur des conspirations plus que millénaires, guerres galactiques, et extraterrestres drogués aux sentiments humains qui occupent le reste des livres.

Au final, c'est une grande saga, pleine de mystères et de fracas, avec la côté toujours appréciable que tout (ou presque)se résoudra et sera expliqué. Bref, tout ce que j'aime chez Hamilton.

vendredi 7 décembre 2012

Epitaph Road, par David Patneaude



en 2067, 97% des hommes meurent, terrassés par une épidémie foudroyante. 30 ans après, dans un monde apaisé et en cours de guérison sous la gouvernance des femmes, le jeune Kellen, 14 ans, l'un des des rares enfants mâles, et issu d'une fécondation "a l'ancienne" découvre que tout n'est pas si parfait...
Cela aurait pu être un bon livre : il y a de quoi faire avec une dystopie matriarcale, mais c'est complétement raté. C'est plat, les personnages sont insipides, l'auteur est incapable de leur donner une profondeur, et il en est de même pour son intrigue. La grosse conspiration (évidente, bien sur) est découverte par les héros au bout de 100 pages  d'une façon ridicule : c'est simple, l'auteur se serait incarné dans le bouquin pour expliquer la conspirations aux héros, cela aurait été à peine pire.
La seule qualité indéniable du livre (en plus qu'il soit court..) c'est que chaque chapitre est préfacée d'une épitaphe, courte, mais évocatrice, en voici deux :

Elle a choisi de le suivre, tenant dans sa main celle sans vie de Papa, son pistolet avide dans l'autre. Elle ne l'a jamais cru capable de s'en sortir tout seul
~ Épitaphe pour Molly Vernon (Décembre 22, 2019 – Aout 14, 2067), par Tami et Sara Vernon, ses filles , Décembre 11, 2068

Un monstre violent, menteur, adultère - Cette peste est trop douce pour lui, et une bénédiction pour moi.
~ Note anonyme épinglé sur le front d'Henry Poole (2033 – 2067), Découverte Août 13, 2067

(ayant rendu le bouquin y a bien une semaine (il faut vraiment que j’accélère mon rythme d'écriture), j ai retrouvé ces deux citations sur le net et traduit à la volée : je suis donc responsable de tout barbarisme - la traduction du livre ne m'a pas choquée)
On est pas loin du haïku, parfois, et ces épitaphes sont sans doute les meilleurs passages du livre.

C'est vraiment dommage. Quand j'ai pris ce livre, j’espérais, non pas des folles orgies polygames (pas de scène de sexe dans ce roman, désolé Romain), mais une réflexion sur le genre, une étude des différences et des évolutions possibles. Bref, y trouver ce qui est pour moi un grand attrait de la SF : la découverte, l'analyse, la construction de sociétés (au sens large) improbables et différentes, comme je l'avais expliqué dans un essai en Fac pour une prof qui de toute façon avait dit un truc du genre "Et si c'est sur la SF, je n'aime pas ça, et vous serez mal noté" (ou quelque chose de similaire - c'est à peu prés tout ce que je me souviens du cours avec un graffiti sur une table "Devenez homosexuel et élargissez le cercle de vos amis", dont la vulgarité cachée me fait toujours rire).
Et malheureusement, non. Jamais l'auteur ne prend la peine de donner une profondeur a son roman. (et le fait que cela soit un livre nettement Jeune adultes/Ados n'est pas une excuse valable).
Il y avait de quoi faire, sous des angles comme 1984 ou les Femmes de Stepford , mais peut-être aurait il fallu que cela soit écrit par une femme ?

vendredi 19 octobre 2012

Le cycle de la lune par Edgar Rice Burroughs



Ce livre est un recueil de plusieurs oeuvres d'Edgar Rice Burroughs, plus connu pour Tarzan, ou John Carter.

Cela commence par deux livres ressemblant beaucoup à John Carter, mais sur la Lune. En fait, le prologue nous apprends que Burroughs voulait écrire un livre anti-communiste (en 1919), mais que l’éditeur a refusé. Il a donc dissimulé son pamphlet dans son pulp, ce qui nous donne ceci pour explication de la décadence de la civilisation lunaire :
"Mais les faveurs de l'état se répartissaient équitablement entre tous. Les enfants des pauvres avaient les mêmes possibilités d'éducations que les enfants des riches; et ce fut la que nos ennuis commencèrent."
Après quelques aventures lunaires, un traître emmène les communistes sur la terre, qui l'asservissent.
Le deuxième livre racontant plusieurs passages (sur plusieurs millénaires) de la vie sous le joug communiste, jusqu’à la libération par les derniers américains ( qui ressemblent plutôt par leur cultures et traditions a des amérindiens (ou "Premières nations", comme on dit élégamment au Canada, d'ailleurs, pour compenser la citation ci-dessus, j'avais noté une phrase nettement anticolonialiste de Burroughs, mais je ne la retrouve plus.) En bref, le premier livre n'est que Barsoom sur la lune, le second est plus original, mais décousu.

Il y a ensuite un certain nombre d'autres oeuvres mineures, plus ou moins longues dans ce recueil : une exploration de l'Europe dévastée par une trop longue guerre, une sorte d'Ile du Docteur Moreau, encore un terrien envoyé sur une autre planéte ( mais évoluée), une intrigue pseudo-policière futuriste qui ne m'as pas marqué par son intérêt...
J'aurai tendance à classer cet ouvrage dans "raclons les fonds de tiroir pour vendre", bien que je ne suis pas sur de la pertinence de cet avis. A lire pour la collection en tout cas.

lundi 9 juillet 2012

Forteresse, par George Panchard




Dans un futur assez proche, aux évolutions sociologiques plus ou moins plausibles(aprés une guerre civile, l'Europe a chassé tout les musulmans, la moitié des USA est une dictature religieuse), Adrian Clayborneest chargé d'assurer la protection du président de la méga-corporation Haviland, l'uns des hommes les plus riches et plus puissants de la planète.
Tout ce qu'il sait, c'est que l'opération commandité par les Etats bibliques américains a pour nom de code Ghost. Justement, un systéme d'intrusion hyper furtif viendrait d'être dérobé dans un laboratoir suédois..
C est un roman assez complexe, sans être difficile à lire, grâce à un style limpide. L'auteur nous présente plein de personnages, sur de courts chapitres, les dates et les époques s’enchevêtrent, et la fin est.. surprenante, bien qu'en fait annoncée. Mais en dire plus serait dommage..

jeudi 10 mai 2012

Griots Célestes par Pierre Bordage



Ce livre nous fait suivre un jeune griot céleste, une sorte de troubadour du futur, membre d'une organisation quasi-informelle qui à l'aide d'une force peu comprise est capable de voyager de planètes en planètes pour transmettre des informations nouvelles et rappeler les traditions et coutumes de l'Humanité, qui depuis les grandes guerres a perdu toute capacité de voyage spatiale. Mais quelqu'un, ou quelque chose cherche à éliminer ces ménestrels.
J'aime beaucoup Bordage, habituellement. On retrouve ici son art de la description, ses personnages attachants, et un patchwork de mondes très différents.
Mais en même temps, il y a une certaine grandiloquence mystique dans certains passages qui ne m'a pas accroché. Au final, je me demande si ça ne me rappelle pas ce que je trouvais déplaisant déjà dans la SF française des années 70 (enfin, telle que -moi- je la conçois..), un passage ou l'histoire devient moins importante que la façon de la raconter, ou que le message à faire passer derrière. Après, c'est aussi assez thématique, vu que cela raconte l'histoire de raconteurs d'histoires...
Au final, ça reste du Bordage, mais je l 'ai trouvé un peu en dessous de mes attentes initiales.