dimanche 9 juin 2013

Embedded par Dan Abnett




300 ans dans le futur, la guerre froide continue toujours, peut-être un plus froide parce que répartie sur une centaine de planètes, mais toujours présente malgré tout. Lex Falks est un journaliste réputé et désabusé, envoyé sur la planète 86 (ce qui est soit un jeu de mot, 86 voulait dire jeté car inutile, ou une référence à une année charnière de la guerre froide dans la réalité) pour servir de relais malgré lui à la propagande du complexe militaro-corporatiste des USAs. Mais quand les rumeurs de rebellions enflent, et que cela nuit aux intérêts de la principale corporation sur la planète, celle-ci décide le mandater pour montrer que ce n’est pas eux, les méchants. Ils lui proposent de l’implanter dans l’esprit d’un des soldats envoyé en patrouille : il verra par ses yeux, sans pouvoir cependant communiquer avec lui. Les détails techniques sont largement passés sous silence, mais c’est une opportunité unique. Il accepte, et bien entendu, tout se complique que cela soit la situation interne ou externe.

...It’s a giant rolling ball of shit coming downhill and sweeping everything up. And that giant rolling ball of shit’s called history, and we were standing in its fucking way.

J’ai pris ce livre par collectionnite : j’aime bien Dan Abnett (en tant qu’auteur de romans dans l’univers de Warhammer 40000), donc je vois un livre de lui, je le lis. Pour tout dire, j’ai commencé ce livre par ce que je n’en avais pas d’autre en stock et j’étais même plutôt réticent, comme si je ne le pensais pas capable de faire un pur roman de SF qui ne soit pas inspiré du jeu de figurines.

Et j’avais bien tort. Et j’aurai du m’en douter, car en fait, en y réfléchissant à posteriori, déjà dans son œuvre Warhammer 40000, on peut observer une évolution, notamment à partir d’Only in death, qui se détache des poncifs du jeu (même si j’aime cela aussi) pour gagner plus de « valeur » intrinsèque.

Et c’est confirmé par ce livre, qui est un excellent roman, et pas uniquement de la mil-scifi. On y retrouve les scènes de combat viscéral d’Abnett, qui grandissent en qualité de ne pas baigner dans le « Toujours plus» propre au 40eme millénaire, mais associé à des personnages intéressants, et des situations complexes. On peut aussi voir dans ce livre des réflexions et des critiques sur les liens média, entreprises, et armée, en rapports le début de ce siècle, de la même façon que Starship troopers ou Forever War étaient aussi en lien avec leur époque.

Au niveau des critiques, le début est peut-être un peu lent, pour ma part, j’ai trouvé cela comme une mise en place nécessaire et pas désagréable. La révélation finale n’est qu’à moitié surprenante, mais ce n’est pas vraiment le point d’intérêt central du livre, de toute façon.

Pour conclure, ce livre est une très bonne surprise, et j’espère qu’Abnett va continuer à voler de ses propres ailes, car si Triumff était déjà intéressant, Embedded est vraiment une réussite.

vendredi 7 juin 2013

Wool Omnibus par Hugh Howey



Dans un immense silo souterrain de 150 étages, autour d’une escalier en spirale (et pas d’ascenseur) vit une société hiérarchisée, pour ne pas dire stratifiée en bas, les mécaniciens / mineurs, plus haut, les fermiers, le département informatique, les crèches, jusqu’au bureau du shérif, tout en haut, avec sa sortie sur l’extérieur qui permet d’expulser les criminels dans un monde toxique et inhabitable (avec une combinaison leur assurant quelques minutes de survie, le temps de nettoyer la caméra qui permet au gens de l’intérieur de voir leur environ) . Mais cet univers qui semble immuable cache ses secrets : est ce que vraiment tout est mort dehors ? L’histoire enseignée est elle véridique ?

Ce livre est souvent considéré comme le pendant SF à 50 nuances de gris, non qu’il y ait du sexe dedans, bien au contraire, mais plutôt parce que c’est aussi un livre auto-édité qui devint un grand succès. N’ayant pas lu le roman SM (c’est la que je me dis que je vieillis : ma libido n’est plus un facteur de choix de lecture), je ne m’attarderai pas sur la comparaison entre ces deux ouvrages, les thèmes me semblant bien différent, et celui qui lirait l’un en le prenant pour l’autre serait surement très déçu.

Au départ, j’ai trouvé que l’histoire se répétait un peu. Les trois premiers chapitres (ici appelé livres) m’ont parus un peu trop semblables dans leur structure, avant que je réalise que c’est en fait une pyramide inversée : chaque chapitre se construit sur le précédent pour nous faire découvrir davantage le monde et notamment la société étrange du silo, avec par exemple sa loterie ou après chaque décès une loterie a lieu pour donner le droit a un couple d'avoir un enfant.

Il faut savoir que Wool a commencé comme une suite de novellas, qui ont été réunis en un volume, suite à leur succès. Mais on n’a pas affaire ici a un ramassage de fond de tiroirs pour sortir une anthologie, les nouvelles se suivent et racontent une histoire totalement cohérentes : Wool est un vrai roman.

Un roman correctement écrit, avec du mystère, des dangers, des révélations, des personnages attachants, un sens du récit certain de la part de son auteur (un peu gâché par une histoire d'amour pas vraiment réussi), Pas forcément de la grande littérature, mais un très bon divertissement.

mardi 4 juin 2013

Triumff: Her Majesty's Hero, par Dan Abnett


Triumff: Her Majesty's Hero
En l'an de grâce 2010, sous le règne d'Élisabeth XXX (oui, 30), Triumff est revenu d'une exploration qui lui a permis de découvrir l'Australie. Cependant, il retarde le moment de faire son rapport officiel, ce qui ouvrirait ce continent a l'exploitation par l'Unité Anglo-Hispanique. Mais lorsque le magie de Londres devient perturbé à la suite d’un sacrifice sanglant, il doit agir en sous-main pour sauver le Royaume.

J’ai eu du mal avec ce livre, comme j’ai toujours du mal avec les auteurs anglophones qui écrivent en anglais vieilli, notamment pour faire du swashbuckling, aka cape et d’épées, voir aussi Brust et sa Phoenix Guard (bien que dans son cas, je dois dire aussi que la lecture de son inspiration (les 3 mousquetaires) n’est pas non plus toute simple). J’ai failli abandonner le livre pour cela, et aussi parce que l’auteur essaye parfois un peu trop de faire drôle.

"Eastwhooho’s words crackled softly like burning leaves.

“This is a Fulke and Seddon all-steel ten-shot pinfire harmonica pistol,” he said, “the most powerful handgun in the Unity. From here, it could take your balls clean off.”
“Is there any way I could get out of this without bleeding profusely?”
“Shhhhh!” rasped Eastwoodho in annoyance. “I haven’t finished. Now, do you feel opportune, punk?”


Mais bon, au fur et à mesure, il m’a fallu de moins en moins d’effort pour suivre. L’intrigue prend le dessus sur les effets d’écritures, l’humour est de meilleur niveau (ou je m’y suis habitué ?) et si on peut reprocher un traitement un peu trop superficiel des personnages, ainsi qu'un univers très succinctement évoqué, le dernier tiers du livre est très prenant.

En conclusion, après un début pour moi laborieux, on a au final une belle aventure pleine d’humour. J’aimais bien Abnett pour ses romans Warhammer 40K (notamment Ghost’s Gaunt), la c’est un autre genre, et c’est très correct.

dimanche 2 juin 2013

Nekropolis, par Tim Waggoner



Après avoir lu un Nekropolis qui ne contient pas de zombies (mais qui valait largement le coup), voici donc un Nekropolis qui respecte son titre.

A commencer par le personnage principal et narrateur, Matt Richter : policier a Philadelphie, en suivant la piste d'un tueur en série étrange, il s'est retrouvé à Nekropolis, une ville dans une dimension parallèle ou se sont enfuis tout les démons, vampires, changeurs de forme et autres sorciers devant l'inexorable progression des humains. En concluant son enquête, il s'est retrouvé zombifié, mais a conservé son intelligence, et n'est pas tenu de manger des cerveaux ou quoique ce soit d'ailleurs.

Depuis, il vivote (zombote ?) en rendant des services a droite à gauche. Cela lui permet notamment de payer un prêtre vaudou pour lancer les sorts qui l'empêchent de se décomposer.

Ses aventures se déroulent donc dans Nekropolis, un ville située dans une dimension d'obscurité . La ville (dont on ne sort pas, sauf quelques portails en lien avec la Terre) est découpé en cinq quartiers, chacun appartenant à un seigneur des ténèbres spécifiques, et regroupant principalement une "espèce" de monstre : les vampires, les morts vivants, les changeurs de formes, les démons , et pour finir les sorciers et magiciens. Au milieu se trouve l'ile de Dis, autrement dit Hadès, créateur de la ville, et l’être le plus puissant du coin. Sa plus grosse responsabilité étant de maintenir l'ersatz de soleil qui assure un éclairage permanent et crépusculaire.

Dans le premier volume, Matt doit venir en aide a une demie-vampire, gardienne de la collection privée d’artefacts de son père (Le Seigneur Sombre (Dark Lord) des vampires, accessoirement). Un objet mystique y a en effet disparu. L’enquête de Matt le conduira sur la piste d’une drogue nouvelle, capable d’affecter même les vampires, et lui fera visiter les lieux les plus secrets et les plus importants de la ville.

Dans le livre suivant, Dead Streets, Matt est décapité, puis accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Ce qui va le conduire d’abord dans la prison de Nekropolis, ou il croisera d’anciens ennemis.

- What do you call a zombie in jail ?
- I dont know, Rondo. What?
Thick lips pulled back from large yellowed teeth as he smiled.
- My bitch
He raised those giant hands of his and started toward me.

Enfin, dans le troisième volume (à ce jour) Dark War, après un passage d’un intérêt moyen dans une dimension parallèle, Matt doit intervenir pour que les conflits larvés entre seigneurs sombres ne se transforment pas en guerre civile dévastatrice.

On a affaire ici a un mélange d’Urban Fantasy et de Noir. On est quand même nettement moins dans la caricature du roman policier que dans le Garrett de Glenn Cook. Faut dire que le fait qu'un zombie ne peut pas boire de l'alcool, ça gène un peu pour en faire un privé classique.

La ou par contre l’auteur se lâche, c’est sur l’incroyable ménagerie qui vit dans cette cité des monstres. Entre le tenancier de bordel qui change de genre à volonté (et ses employés valent le détour aussi), Fade, qui disparaît si personne ne la remarque, et s’est donc arrangé pour devenir journaliste de tabloïd pour être toujours la ou il y a du monde, Lazlo, le démon chauffeur d’un taxi très spécial, des cyber-vampires, les téléphones cellulaires semi-organique (invention du Docteur Frankenstein, avec une vraie bouche et une vraie oreille) et j'en passe et des meilleurs. La série est toujours a la lisière de sombrer dans le grotesque ridicule, mais l'évite globalement.

N'oublions pas la ville elle même, qui sans avoir d'incarnation (ce n'est pas Sigil), est un fascinant personnage.

( pour rester dans les rapprochements avec le jeu de rôle, J'ai eu a la lecture des remontées de Bloodshadows, le jeu de rôle de West End Games se déroulant dans un mélange noir (année 30) et fantasy (multiples races, guerre divine et en arriére plan, monde sauvage ou on ne vas presque pas))

En tant que fan des mélanges Noir-(Urban) Fantasy j'ai bien aimé cette série : ce n'est pas de la grande littérature, mais c'est divertissant, les intrigues se tiennent a peu prés, et l'univers est original et distrayant.

vendredi 31 mai 2013

Jack Vance est mort

Cela devait forcément venir un jour proche, vu une date de naissance en 1916, mais cela fait quand même un  choc : Jack Vance est mort ce dimanche 26.
La photo iconique de Jack Vance, voyageur par l'esprit et sur la mer

Jack Vance, ce fut d'abord pour moi l'auteur du cycle de Tschai, série de référence sur la découverte et la survie d'un individu plongé dans des sociétés non humaines, et notamment du Chash (le premier de la tétralogie, donc forcément mémorable), et le Dirdir (de l'aventure pure, mais aussi de grands moments de "sociologie" non-humaine) (ces deux la ne sont plus disponibles en neuf en france !?).
Les magnifiques couvertures de Caza m'ont aussi beaucoup vendu le cycle..

Puis, aussi,  Lyonesse, grande trilogie de fantasy, pleines de voyages, de magiciens retors, de paysages anciens et de légendes vivant dans le présent, de grands complots et de petite intrigues, et aussi peut-être la plus exemplaire collection de héros et antagonistes vanciens qui soit.

 J'aime aussi beaucoup un roman sans doute mineur, mais qui reprends des thèmes que j'ai toujours apprécié (nouveau départ d'une société, dans un contexte marin en apparence idyllique) :  Un monde d'azur.
(on pourrait aussi parler du sulfureux Méchant garçon, et a part celui la, je connais très peu les oeuvres non sf/fantasy de Vance). Et puis aussi Les princes Démons, Alastor et Marune et.. , bref, la liste est longue.

Vance, c'est  un auteur imaginatif, capable de poésie et de contemplation (notamment une bonne partie des passages de Suldrun dans le premier tome de Lyonesse), mais aussi d'aventures avec un grand A. De la vraie aventure, taillé au  plus prés d'individus relativement normaux, sans jamais succomber a des délires épiques. Le héros est rarement un surhomme, au plus est il un peu entraîné ( Adam Reith) ou chanceux  et rapide à la fuite (Cugel).
C'est surtout un merveilleux conteur d'histoires,  et un inventeur hors pair de mondes exotiques et de coutumes étrange, avec un vocabulaire précis et recherché ( il m'a appris indenture, notamment).
Et puis, c'est un auteur (relativement) moderne : je suis en train de me faire une overdose de Fulgur  actuellement, et je sature un peu sur le sexisme de Smith (et son idéologie du Surhomme), choses qu'il ne me semble pas avoir vu chez Vance (certes il est un tout petit peu postérieur).

Après, sur la masse de livres qu'il a écrit, on retrouve des effets de styles, des répétitions de personnages, de situations, d'intrigues. Les antagonistes, les relations amoureuses du héros sont souvent un peu semblables, par exemple. Mais c'est sans aucun doute aussi une conséquence obligatoire de la productivité littéraire : c'est d'ailleurs je pense l'auteur dont j'ai le plus de livres (au moins 49), ce qui doit bien constituer 90% de ce qui a été traduit - je ne crois pas l'avoir jamais lu en anglais. Et puis, si on évite d'en lire dix à la suite, on ne s'en rend pas vraiment compte :)
On pourrait aussi lui reprocher d'avoir inspiré - malgré lui - la magie vancienne (ah mon dieu, TVTropes, adieu ma matinée) de D&D, que j'ai toujours trouvé déplaisante  - tu apprends tes sorts le matin, c'est figé pour la journée : certains appellent cela : incitation à penser stratégiquement, je vois plutôt cela comme une obligation de penser stratégie de combat  - par rapport a des systèmes plus libres. Mais il n'y est pour rien au final si Gygax l'adorait, au point de nommer un grand antagoniste.. Vecna (je n'avais jamais fait le rapprochement avant de lire la page sur TVTropes).

Au final, un grand auteur nous a quitté, l'un de mes préférés au final, même si cela fait longtemps (à part l'anedoctique Méchante fille, sur ce blog critiqué) que je n'ai ouvert un de ses livres..  On pourra toujours se consoler en se disant qu'il avait fini son oeuvre depuis déjà une dizaine d'année, et que celle-ci, fort complète, ne nous laisse pas un goût d'inachevé, mais quand même..
J'ai bien envie de me relire Tschai du coup. Et puis Lyonnesse ( surtout que j'ai jamais pris le temps de lire l'édition révisée de Madouc..)

jeudi 16 mai 2013

Manhattan a l'envers, par Peter F.Hamilton



Ce livre contient 7 nouvelles, pas loin de la novella pour certaines :
- En regardant pousser les arbres : une enquête s'étendant sur plusieurs siècles, dans une uchronie basé sur une évolution de ',empire romain par le croisement des gladiateurs. Et en même temps, on suit une évolution technique grandissante. Intéressant, notamment pour la découverte progressive et entre les lignes (pas d'info dumps) de la société du narrateur.
- Un électorat en marche : dans une Angleterre en crise et sans avenir, si on a le choix de tout recommencer sur un autre monde, certes avec des règles parfois contraignantes, qui peut décider de rester a se battre, plutôt que de partir vers l'espoir ?
- Si du premier coup : une histoire de voyages temporels. Inracontable sans trop en dire, mais plutôt réussi.
- Le chaton éternel : une histoire courte, ou la chute horrifiante arrive comme un coup de tonnerre soudain dans un ciel bleu.
- Le piège à démon : c'est une enquête de Paula Myo, cette transfuge d'une société qui l'a con¸u et programmé pour être une excellente policière (Elle ne peut transiger avec le crime, en aucune façon : pas d’arrangement, pas d'abandon, etc..) Elle se passe avant les événements de Pandore. Les thèmes sont ceux de la mémoire, de l'individu(-alité). Pas vraiment convaincant, le coté mémoire ayant déjà été abordé dans Pandore.
- Manhattan à l'envers : nouvelle histoire de Paula Myo, situé après Pandore : sur une planète récemment ouverte a la civilisation, des animaux jusque la inoffensifs s'en prennent maintenant à l'homme. Paula doit trouver pourquoi. De la SF classique "mystère à résoudre sur une planète inconnue", mais qui ne m'a pas trop accroché.
- Béni par un ange : cet histoire se passant avant la trilogie du Vide raconte de façon indirecte la genèse d'un des personnages principaux : intéressant en tant que préface, nettement moins en tant qu'histoire indépendante.

Au final, une impression mitigée. De toute façon, en regardant les origines de ces nouvelles, on constate que c'est une anthologie faites de textes parus sur une dizaine d'année a droite a gauche, il n'y a donc pas vraiment de cohérence. Au final, quelques réussites, notamment le chaton éternel, des textes qui laissent sur le faim (on aimerait en savoir plus sur ce dérivé d'empire romain), et des histoires moyennes, notamment celle de Paula Myo. Après, si on est fan du personnage...

mercredi 15 mai 2013

Acacia, la trilogie, par David Anthony Durham


Acacia: The War with the Mein
Leodan, roi d'Acacia règne de son île sur le monde connu, tous les autres états lui étant inféodes.
La création de cet empire est maintenant perdu dans les légendes. Et seul le souverain et ses plus proche conseillers savent la corruption sur laquelle l'empire se maintient, basé sur le sombre marché passé avec la Ligue, les seuls a commercer avec les terres inconnues de l autre côté de l océan.
Mais tout cela, les quatre enfants du roi ne le savent pas, comme ils ignorent que du nord va déferler la vengeance d un peuple à la mémoire longue, on pourrait même dire vivante..
Ce résume est un peu succinct, mais en dire plus serait trop en révéler. En effet, cette trilogie raconte une vingtaine d'année, plus exactement, le premier volume décrit deux périodes de quelque mois chacune séparées par 9 ans, les deux autres volumes se passent neuf ans après, sur une période d'une douzaine de mois, il me semble ( comme d'habitude, livres finis il y a un mois, pas pris de notes, etc..)
C'est donc assez dense. C'est aussi un roman ou, comme dans le Trône de fer notamment, on suit plusieurs personnages, a raison d'un par chapitre. Le premier livre contient 71 chapitres, pour 770 pages, et je pense qu'il doit y avoir une douzaine de personnages (comme d'habitude : lives lus il y a quelques semaines, pas de prise de notes..), chaque chapitre "appartenant" donc à un personnage parmi une douzaine. Cette densité a fait que lorsque j'ai lu le 1er volume il y a quelques années, je l'ai ressenti comme "Le Trône de Fer, mais en un seul volume" (La Guerre du Mein se lit en effet très bien de façon isolé), ce qui est un sacré tour de force (serait ce un hasard que George RR Martin soit l'auteur de citations élogieuses sur ces livres ?). Les deux volumes suivants m'ont semblé un peu moins "compacts", et à ce titre, un peu moins bon : après aussi, ma lecture initiale était en anglais, langue concise, alors que ma relecture du premier et lecture des deux suivants se fit en français.
Au delà de la structure, le parallèle avec le trône de fer se fait aussi sur les thèmes : politiques, intrigues, et conflits. La fratrie Akaran n'est pas non plus très éloigné de la fratrie Stark à la base, sans en être une pâle copie.

Lors de ma relecture-lecture, j'ai choisi la version française pour voir si la réflexion sur l'un des éléments qui m'avait vendu le livre en 2007 était plus facile à percevoir. En effet, je l'avais découvert
par ce billet  http://theangryblackwoman.com/2007/08/24/acacia-by-david-anthony-durham/ , l'auteur est afro-américain, ce qui est assez rare en fantasy, et cela serait perceptible dans son oeuvre.
Alors, effectivement, si on essaye de creuser cet angle spécifique, la place conséquente de l'esclavage (et d'une forme de commerce triangulaire) et de la drogue (utilisé comme moyen de contrôle de la population) a forcément une résonance particulière pour un noir américain. On pourrait aussi verser au dossier le fait que les méchants initiaux sont très pales de peau, obsédés par leurs ancêtres (donc la race et la filiation), mais cela me parait déjà plus hasardeux.
Par contre, le côté très cosmopolite du monde, clairement revendiqué par Durham (voir ici : http://www.salon.com/2011/11/09/if_tolkien_were_black/ ), change de façon conséquente de l'uniformité courante en fantasy, chez les humains tout au moins.
Au final, si je me garderai bien d'essayer de trop analyser le livre et son auteur, c'est prenant, original et bien écrit. J'ai préféré le premier volume au deux autres, parce que j'ai vraiment été bluffé par la richesse (en terme d'intrigues et d'histoires) de celui-ci, mais la trilogie est de très bonne qualité.